Yves Charpenel : La résolution est une première étape avant la loi, une fenêtre de tir pour une législation sur la prostitution. Cette résolution a été signée à l’unanimité par tous les partis politiques présents à l’Assemblée, ce qui est une première historique. Il ne s’agit pas vraiment d’ « abolir » la prostitution, puisque c’est impossible dans les faits, mais, comme le préconisait le rapport Bousquet-Geoffroy rendu en avril, de tout mettre en œuvre pour abolir le système qui prostitue, en s’attaquant à cet immense marché criminel et en aidant les femmes à sortir de ces réseaux de plus en plus puissants et illégaux.
Y. C. : La logique défendue par le rapport Bousquet-Geoffroy vise à s’attaquer au problème du trafic par le bon bout. On pénalise déjà ceux qui vendent, d’ailleurs la France est l’un des pays qui condamne le plus les trafiquants sexuels, environ 1 000 condamnations pour proxénétisme tombent chaque année, et on démantèle 25 à 30 réseaux internationaux par an. L’idée est de pénaliser aussi celui qui entretient ce trafic, sciemment ou non d’ailleurs, pour lui faire comprendre que quand on est client de prostituée, on accentue l’exploitation d’une personne vulnérable.
Y. C. : En Suède, l’opinion n’était pas pour à l’époque. Mais la loi a été accompagnée d’une grande campagne de prévention pour décourager les clients de la prostitution. Finalement leur nombre a été divisé par deux.
Y. C. : Je pense que personne n’est resté indifférent face à ces informations. On a découvert un système caché où sont impliqués des hommes politiques, et il est évident que « Dodo la Saumure » -mis en examen au mois d’octobre pour proxénétisme aggravé- utilise des filles des réseaux d’exploitation de femmes, car pour satisfaire sa clientèle, un proxénète doit renouveler sa « marchandise ». Dans cette enquête, on a intercepté beaucoup de mails du type « j’ai besoin de 50 valises », comprenez « 50 filles »… Le procès dans lequel la fondation Scelles sera partie civile permettra de montrer d’où venaient ces filles. Bien souvent les pays d’origine sont des pays très pauvres comme la Bulgarie, la Roumanie, des régions d’Afrique centrale ou des provinces déshéritées de Chine où l’âge de départ moyen des filles est de 14 ans.
Yves Charpenel / Crédit photo : Ministère de la Justice et des Libertés/Caroline Montagné
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