Après avoir renoncé à effacer les vergetures de ses modèles, le géant du prêt-à-porter en ligne Asos réaffirme son désir d'une mode plus inclusive. Finis les bas de maillot de bain qui cachent le nombril et la phobie des seins qui tombent. Bonjour à la mannequin noire grande taille Vivian Eyo-Ephraim dans un bikini jaune. Un bikini échancré qui ne cache ni la naissance de ses hanches, ni son nombril, et qui souligne son décolleté et sa couleur de peau. Un "vrai" mannequin grande taille alors que la plupart du temps les modèles photographiées pour sa collection "curve" sont à peine plus plantureuses que la "moyenne". Une question de morphologie, puisque Vivian s'habille en 46, comme les autres mannequins du catalogue maillot de bain de la collection Curve de la marque.
La plupart des vêtements allant jusqu'au 56, on se surprend à rêver d'un mannequin qui dépasserait la taille 46. Du vrai body positive, en somme.
On pourrait croire que l'affaire n'est pas nouvelle et que les mannequins grande taille existent depuis que les vêtements taillent au-dessus du 44 (depuis toujours donc). Les choses ne sont pourtant pas si simples....
Les stratagèmes qui visent à neutraliser le corps de femmes ne sont pas nouveaux. De nombreuses femmes minces ou rondes sont d'ailleurs fréquemment passées sous l'outil correcteur de Photoshop. Le monde de la mode est ainsi fait. Il est habitué à réduire, lisser et corriger la moindre tache et traque le plus petit des bourrelets. Un paradoxe d'autant plus étonnant lorsqu'il s'agit de publier des photos de femmes rondes. Pourquoi photographier des femmes plantureuses si c'est pour supprimer leurs vergetures et réduire leurs formes ? S'il est vrai que la cellulite n'est pas réservée aux cuissots replets, il est tout de même hypocrite de saluer la diversité des corps tout en en effaçant ses spécificités. D'autant que les femmes ne sont pas seulement complexées par leur tour de taille, mais également par l'aspect de leur peau.
En refusant de montrer les corps tels qu'ils sont réellement, les marques sous-entendent que ces vergetures et ces poils sont embarrassants et que l'on devrait en avoir honte. L'inverse du body positive qui est justement prôné en l'occurrence pour ce genre de collection "courbes". On espère que la politique inclusive prônée par Asos fasse mouche et incite d'autres marques non seulement à ne plus retoucher leurs mannequins, mais à proposer des vêtements pour toutes.