Le 6 mars dernier sortait dans les salles obscures françaises le film « The Sessions » de Ben Lewin. Retraçant l’histoire du poète et journaliste tétraplégique Mark O'Brien, ce long-métrage traite en filigrane du droit des personnes handicapées à recourir à une assistance sexuelle. Il n’en fallait pas plus pour relancer le débat en France. Légalisée depuis près de 30 ans aux États-Unis, depuis plus de 20 ans aux Pays-Bas et également autorisée en Belgique, en Allemagne, au Danemark ou en Suisse, cette activité, assimilée à du proxénétisme dans notre pays, est donc taboue et interdite en France.
Profitant de la sortie du film, les associations défendant cette pratique comptent pourtant se faire entendre. En première ligne, Ch(s)ose qui milite pour une vie affective et sexuelle des personnes handicapées. En février dernier, la présidente de l’association adressait d’ailleurs une lettre ouverte au Président de la République François Hollande, lui rappelant qu’il s’était « déclaré prêt à ouvrir le débat sur l’assistance sexuelle pour les personnes en situation de handicap en France ». Pascale Ribes y rappelle que « la loi de 2005 affirme le droit à la compensation de toutes les conséquences quelles que soient l’origine et la nature de la déficience. L’accompagnement à la vie affective et sexuelle ne fait pas exception à ce droit et fait partie intégrante des besoins à prendre en considération pour parvenir à la santé sexuelle. Pourtant, force est de constater que certains de nos semblables sont privés de cette possibilité, pour certains à vie ! », déplore-t-elle.
Mais bien que reconnaissant les difficultés des personnes handicapées, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) ne semble pas partager ce point de vue. Saisi en 2011 par l’ancienne ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale, Roselyne Bachelot – après une proposition de loi sur ce sujet déposée par le député UMP Jean-François Chossy –, il vient de rendre un avis négatif sur une éventuelle légalisation de l’assistance sexuelle. Se basant sur les témoignages de personnes concernées, de soignants et de représentants d'associations, le comité a estimé qu’il n’était « pas possible de faire de l'aide sexuelle une situation professionnelle comme les autres en raison du principe de non-utilisation marchande du corps humain », rapporte Le Figaro.fr. Il a par ailleurs soulevé « des risques importants de dérives », tels que le transfert affectif que pourrait effectuer le patient envers son aidant, ou la « trop grande implication » de ce dernier dans son service.