Pour son premier discours au Parlement, ce mercredi, l’opposante birmane Aung San Suu Kyi a choisi de défendre les droits des minorités ethniques de son pays. La députée élue en avril a ainsi soutenu une proposition de loi portée par un élu du parti de la majorité, le Parti pour la solidarité et le développement de l'union (USDP).
Un tiers de la population birmane
Les minorités ethniques représentent pas moins d’un tiers des 60 millions d’habitants du pays, et parmi celles-ci des groupes rebelles continuent de poser problème au gouvernement, enlisés dans des conflits qui durent depuis l’indépendance de la Birmanie en 1948.
À la faveur de la réforme du régime militaire en gouvernement civil amorcée en mars 2011, des négociations ont été entamées avec ces groupes rebelles, et plusieurs cessez-le-feu ont été signés. Mais dans certains États, des combats perdurent. Comme dans l’État Rakhine, à la frontière avec le Bangladesh, où bouddhistes et musulmans se sont encore affrontés en juin, causant la mort de 80 personnes. Non reconnus par le régime birman et particulièrement fragilisés, les musulmans Rohingyas vivent dans le nord de l’État, ils seraient 800 000 dans le pays, et selon l’ONU, il s’agit d’une des minorités les plus persécutées au monde.
Réconciliatrice
La position d’Aung San Suu Kyi vis-à-vis de ces minorités ethniques n’est pas des plus confortables. La Dame de Rangoon s’est déjà vu reprocher de ne pas avoir pris position pour les Rohingyas, et est considérée par beaucoup comme une représentante de l’élite de l’ethnie majoritaire birmane. La lauréate du Prix Nobel de la Paix semble pourtant bien décidée à se forger une image d’unificatrice, ainsi a-t-elle appelé dans son discours d’Oslo, en juin dernier, à la « réconciliation nationale ».
Mercredi, face aux députés, l’opposante a souhaité que soient mises en place les « lois nécessaires pour protéger les droits égaux des groupes ethniques », condition sine qua non à la transformation du régime en « véritable union démocratique ». Et la députée de rappeler que les États où vivent ces minorités subissent une pauvreté supérieure à la moyenne nationale, et que certains sont encore le théâtre de conflits armés.
(Source : liberation.fr)
Crédit photo : AFP
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