On a beau entendre les parents clamer qu'il n'y a pas de bonheur égalant celui d'avoir des enfants, de nombreuses études attestent qu'avoir des enfants rendrait finalement moins heureux que les personnes qui n'ont pas d'enfants. Ce phénomène a un nom : on parle de "déficit du bonheur parental". Et, il semble en effet que nombre de parents soient moins heureux que les non-parents, comme le confirme une nouvelle recherche publiée dans American Journal of Sociology en juin 2016.
Et les grands gagnants de cette parentalité malheureuse sont les parents américains, affichant le plus grand écart (13%) en comparaison des 22 autres pays européens et anglophones passés au crible. Ceci dit, comme le révèlent les chercheurs, devenir parent ne nuit pas nécessairement au bonheur. Dans certains pays, comme la France, la Finlande, la Suède, la Norvège, L'Espagne, la Hongrie, le Portugal ou encore la Russie, les couples voient même leur bonheur décuplé en devenant parents.
Les scientifiques de la University of Texas, en charge de cette étude, ont examiné en quoi les politiques sociales (congés payés, congé maternité, modes de gardes subventionnés, flexibilité professionnelle...) mises en place dans les pays jouaient un rôle dans cette variation du sentiment de bonheur parental. Et ils se sont aperçus qu'il y avait une grande corrélation. "En tant que spécialistes des sciences sociales, nous réussissons rarement à expliquer les choses, mais dans ce cas, cela explique complètement l'écart dans cette notion de bonheur parental", confie Jennifer Glass, la dirigeante de cette étude.
Ainsi, dans les pays où les aides sociales sont présentes, les chercheurs n'ont constaté aucun "déficit parental du bonheur" et même un sentiment de bonheur accru des parents, sans pour autant que celui des non-parents ne diminue".
A l'inverse, dans les pays comme les Etats-Unis où les politiques sociales sont peu développées, les parents se révélaient moins heureux que les non-parents. Cela ne signifie pas bien sûr que les parents issus de ces pays soient malheureux en le devenant, ils sont simplement plus sujets au stress de devoir trouver le temps, l'argent nécessaire pour élever leur enfant au mieux.
Et lorsque l'on demande à la chercheuse principale pourquoi s'intéresser au bonheur des parents par rapport aux non-parents, elle répond : "Le bonheur des parents détermine effectivement le taux de fécondité d'un pays (...) Lorsque vous avez un système qui n'est pas très efficace pour soutenir les parents, vous pouvez vous attendre à ce que les gens soient moins motivés à faire des enfants et à les entretenir".