Si vous avez vécu dans une cave cet été, vous êtes peut-être passée à côté de Djadja d'Aya Nakamura. Une mélodie entraînante qui ne vous quittera plus jamais une fois qu'elle a intégré votre cerveau et qui en a laissé quelques-un·es dubitatif·ves quant à son sens.
Pour notre part, voici ce qu'on a compris après plusieurs écoutes. C'est l'histoire d'une femme qui découvre que Djadja, un mec qu'elle connaît, raconte des choses atroces sur elle, il dit même qu'elle lui court après. Alors qu'il y a pas moyen, Djadja. Elle est pas ta catin, Djadja.
Avec ça et Copines, le deuxième titre qui a fait connaître la chanteuse de 23 ans originaire d'Aulnay-sous-Bois, et qui parle cette fois de son petit ami qui s'intéresse à la "plus bonne de ses copines" (un homme classe, visiblement), Aya Nakamura a décollé. Et c'est peu dire.
Seulement 24 heures après la sortie de Nakamura, son premier opus, elle a battu des records astronomiques sur la plateforme de streaming Apple Music. Elle devient ainsi, en France, la première artiste féminine dont l'album est numéro 1, à occuper 9 places du top 10 et à avoir à la fois la chanson ET l'album en première place.
La performance est incroyable et mérite amplement d'être saluée, que l'on soit adepte de sa musique ou non.
Car on a aussi beaucoup entendu parler d'Aya Nakamura autrement que dans le concert d'éloges ou de groupes d'ami·es qui reprennent ses paroles en choeur. Au travers des critiques artistiques déjà, mais surtout de commentaires sur son physique de la part d'un bon nombre d'internautes. Des réflexions acerbes et odieuses qui ciblent directement la chanteuse parce que c'est une femme noire.
Glamour explique d'ailleurs très bien le phénomène derrière ces critiques de haters : la misogynoir. Une haine déversée allègrement sur les réseaux sociaux qui qualifie l'artiste des pires comparaisons racistes et misogynes.
C'est Moya Bailey, une universitaire américaine, qui est à l'origine de ce mot qui désigne "la double peine vécue par les femmes noires". Car ses homologues caucasiennes ne font clairement pas face aux mêmes réactions. Lorsque des twittos appellent Aya Nakamura "singe" ou "mec de la cité", c'est à sa couleur de peau et à ses origines que l'on fait référence, en plus de remettre en question sa féminité.
Un terme qu'il est temps d'évoquer clairement, pour enfin confronter et faire taire ses adeptes.
Pour ce qui est du talent que certain·es discutent, la meilleure solution, plutôt que l'insulte publique, serait peut-être de simplement passer son chemin ? Et de laisser la chanteuse savourer son succès en paix.