#Baldisbeautiful : les femmes chauves sont belles. C'est ce qu'a clamé sur Twitter la députée afro-américaine Ayanna Pressley le 19 janvier dernier. Un message empouvoirant au possible, qui fait suite à ses dernières déclarations. Effectivement, la représentante démocrate souffre d'alopécie (une maladie qui provoque la perte des cheveux), et elle ne le cache pas : elle en a même tiré tout un discours, abondamment relayé sur la Toile.
C'est lors d'une interview-vidéo accordée au magazine The Root ce 16 janvier que la politicienne est revenue sur son rapport à la maladie. Son témoignage (poignant) ne brise pas simplement un tabou, non : il rappelle que le cheveu est éminemment politique. On écoute.
"Je pense qu'il est important que je sois transparente sur cette nouvelle vie avec l'alopécie", a-t-elle déclaré à The Root. Pour elle, cette maladie n'est pas quelque chose qu'il faut taire. Au contraire, c'est une partie de "[son] identité personnelle et de la façon dont [elle se] présente au monde", poursuit-elle avec éloquence. Et Ayanna Pressley de développer : "En tant que femme noire, le privé est politique. L'histoire de mes cheveux n'est en rien une exception". Sous-entendu, le tabou de l'alopécie n'est qu'une charge supplémentaire face aux nombreux préjugés qui alourdissent le quotidien des femmes noires - on pense au regard porté sur leurs cheveux crépus (source de réflexions racistes) et à l'injonction des cheveux lisses.
Or, pour Ayanna Pressley, il est plus que temps de célébrer une autre forme de beauté. Et de faire fi des diktats que l'on impose aux femmes, et plus encore aux femmes noires. Sa maladie, raconte-t-elle, s'est déclarée en automne dernier, l'obligeant rapidement à porter bonnets et perruques. Et c'est en décembre, la veille du vote de la Chambre des représentants en faveur de la procédure d'impeachment de Donald Trump, que les derniers cheveux de la députée sont finalement tombés.
"J'étais complètement chauve", relate-t-elle. Qu'à cela ne tienne. En dévoilant cette maladie, elle désire faire de sa prétendue faiblesse une force. Et, surtout, revendiquer cette fierté qu'elle éprouvait déjà lorsque, il y a cinq ans, elle affichait en public de magnifiques tresses.
Pour Ayanna Pressley, il s'agit d'être fière de soi et de son identité. Car les cheveux sont toujours "signe d'une prise de position politique", dit-elle. Et Pressley sait de quoi elle parle : elle restera dans l'Histoire comme la première femme noire élue au Congrès du Massachusetts, nous rappelle The Hill. Pourtant, vivre avec cette maladie n'a pas été chose aisée. Les premiers mois, la députée se réveillait chaque matin "avec effroi" et l'impression, en fixant son miroir, "d'avoir une étrangère face à [soi]". Et ce jusqu'à ce fameux jour de décembre. "Je me sentais nue, exposée, vulnérable, embarrassée. J'avais honte...", explique-t-elle encore.
Mais aujourd'hui, son point de vue a changé. Et son témoignage n'a rien d'anecdotique. "C'est une question de pouvoir et d'acceptation", souligne-t-elle à The Root. Des mots qui n'ont pas laissé la députée démocrate Alexandria Ocasio-Cortez indifférente. Pour la plus badass des femmes politiques, "Ayanna" est une "reine" qui se "bat pour la justice".
Gageons que son combat parvienne à éveiller les consciences. Et cela, beaucoup en sont déjà persuadées. Comme la femme d'affaires Valerie Jarrett par exemple. Celle qui restera comme l'une des proches conseillères de Barack Obama l'affirme : "Je suis tellement fière de vous. Merci d'avoir eu le courage de partager votre histoire. Cela créera tout un espace afin que d'autres femmes se manifestent et fassent de même".