Dans « Flawless », un des 17 nouveaux clips de Beyoncé pour son nouvel album, on voit la working mum star la plus puissante du monde s’encanailler avec des skinheads… Français. C’est le magazine Brain qui a reconnu les membres d’une bande de skinheads parisiens. Qui n’étaient eux-mêmes pas au courant de grand-chose, à part qu’un(e) chanteur(se) cherchait des figurants « hard mods, suedeheads ou skinheads » (plusieurs branches de la mouvance skin) pour un clip tourné par une légende du genre, Jake Nava.
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Pour Beyoncé, c’est un moyen de bouleverser les codes, et de jouer sur le côté sulfureux des skinheads. Sans grande prise de risque, puisque d’autres l’ont fait avant elle : en 2011, dans We Found Love, Rihanna porte déjà un bleached jeans et des Dr Martens, emblématiques du genre, et fait mine de s’envoyer un max de MDMA avec un garçon au crâne rasé. Le punk a perdu de son âme subversive, exposé de Paris (Cité de la Musique) à New-York (Metropolitan Museum of Art), et décortiqué de A à Z.
Quant à une quelconque image facho, qui colle toujours à la peau des skins, elle n’a pas lieu d’être pour Wattie, un des figurants interrogé par Brain : il explique que le réalisateur « voulait montrer que dans les années 60, le mouvement skin était multiracial ». Rappelons tout de même qu’en France, les dernières fois où la culture est présentée au grand public, c’est pour le meurtre du jeune Clément Méric ou des documentaires types « à la droite de l’extrême-droite ». Les skinheads sont pourtant fortement liés à la culture early soul ou ska, des musiques blacks qui peuvent également inspirer Beyoncé. L’honneur est malgré tout sauf pour Queen B, qui ne risque donc pas d’accusions de récupération idéologique ou politique. En revanche…
Que Beyoncé ou le réalisateur cherche à utiliser l’image de skinheads, on le conçoit. Mais que les vrais, les durs, les tatoués se soient laissés aller à parader dans le clip de la pop star ? « On est allés signer nos contrats et c’est là qu’on a vu que c’était pour Beyoncé Knowles… Là, on a hésité. On n’aime pas ce qu’elle représente et son univers musical est vraiment éloigné du nôtre », témoigne Wattie à Brain. « À ce moment, on a vu un skin en bleached jeans. C’était un Anglais de Brighton (…) il nous dit qu’on s’en foutait que ça soit pour Beyoncé, que c’était juste du boulot. Il nous a convaincus donc on a signé ». Et on les comprend, puisque l’opération était grassement payée : 450 euros par jour.
Voir le teaser du clip :