S'il existe de nombreux sports où les femmes sont souvent mises à l'écart, d'autres disciplines excluent de leurs côtés les hommes. Jusqu'au dernier championnat du monde qui avait lieu la semaine précédente en Russie, ils étaient ainsi purement et simplement exclus de la natation synchronisée au plus haut niveau. Une injustice flagrante pour ces sportifs aguerris, qui remportent régulièrement des titres dans les compétitions locales. Après maintes protestations, la FINA (fédération internationale de natation) a finalement déposé les armes et permis à ces messieurs de s'illustrer. Une faveur qui n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd !
Dimanche 26 juillet 2015, l'américain Bill May, 36 ans, et sa partenaire Christina Jones sont en effet devenus champions du monde de la discipline. Une consécration pour ce nageur passionné, qui avait dû arrêter sa carrière il y a 11 ans, faute de pouvoir évoluer dans les plus hautes sphères de la natation synchronisée professionnelle. Et il n'est pas le seul à s'être laissé tenter. Ravis de l'opportunité, des nombreux nageurs sont ainsi sortis de l'ombre pour faire éclore leur talent, à l'image des deux autres médaillés masculins Alexander Maltsev et Giorgio Minisini.
Si la condition sine qua non de leur participation était de concourir en couple avec une femme, cela n'a pas été un facteur de gêne, bien au contraire. Tout aussi gracieux que les nageuses qui les accompagnaient, ils ont prouvé à la face du monde qu'ils avaient eux aussi leur place dans cette discipline jusqu'ici exclusivement réservée aux femmes.
Après avoir remporté 14 titres nationaux dans sa jeunesse, Bill May peut enfin brandir son titre de champion du monde avec fierté. Un happy-end presque impossible à envisager il y a quelques années de cela lorsque, découragé, le sportif avait finalement choisi de rejoindre la troupe du Cirque du soleil à Las Vegas. Cerise sur le gâteau : sa coéquipière et lui ont ramené l'or aux USA pour la première fois depuis 1994 !
Mais cet exemple est loin d'être un cas isolé puisqu'aujourd'hui, les hommes restent encore privés de championnats internationaux de gymnastique rythmique. Une source de frustration permanente pour certains, qui n'hésitent plus à interpeller le CIO et la FIG (Fédération Internationale de Gymnastique) pour faire changer cette situation. Les plus virulents : les japonais. Très portés sur la discipline, ils militent depuis des années pour l'ouverture d'une catégorie masculine. Loin de vouloir se mesurer aux filles, ils essayent tant bien que mal de convaincre les décisionnaires que leur pratique à eux se rapporte plus à une gymnastique du bâton d'origine japonaise axée sur la pratique des arts martiaux.
Si le cas Bill May participera certainement à faire avancer la cause de la représentation des hommes dans ces disciplines sportives, les mentalités semblent, comme souvent dans le cas d'inégalité des sexes, encore difficiles à faire bouger.