Le lundi soir, parent pauvre du PAF ? Que nenni ! Passons ici Joséphine, ange gardien sur TF1, programme par excellence propice à la foire d’empoigne. N’évoquons pas plus le retour – tant attendu ? – du « Bachelor » sur NT1, grande messe du sexisme cathodique et affligeant marronnier de la téléréalité. Oust donc claquements de doigts magiques et autre gentleman célibataire libidineux afin de nous intéresser à des primes certes plus consensuels, mais ô combien plus intéressants : la nouvelle saison de Braquo sur Canal +, le très bon Capitaine Conan interprété par Philippe Torreton et réalisé par Bertrand Tavernier sur Arte et enfin, la téléréalité qui a bon goût avec « Top Chef ». Pas mal pour un début de semaine, non ? Et ce, sans oublier le meilleur dans tout ça : Broadchurch sur France 2.
Car, une fois n’est pas coutume, le service public a décidé d’envoyer du jeu rayon fiction. Les trois premiers épisodes de cette série policière britannique diffusés la semaine dernière ont ainsi captivé pas moins de 6,7 millions de téléspectateurs, et ils ne devraient pas être moins ce soir devant leur télé. Preuve en est, au Royaume-Uni, Broadchurch fut tout simplement la série la plus regardée en 2013. Un succès amplement mérité, au point même de reléguer – du moins, c’est notre avis – au second plan tous les autres programmes, dit « de qualité », cités plus hauts. Et pour étayer cela, cinq arguments en béton.
1 - Pour prouver aux créateurs de séries françaises et aux patrons de chaînes qu’il est possible de l'audience avec de la qualité, si si…
2 - Car, au sujet de Broadchurch, on peut se répandre en termes laudatifs. Autant de poncifs journalistiques, pour une fois, pertinents : justesse du jeu d'acteurs, écriture émotive, réalisation sans esbroufe, ambiance saisissante (on appelle ça une « oeuvre atmosphérique »), localisation inédite (petite ville côtière du sud de l’Angleterre, Ndr), intensité dramatique bouleversante, profondeur des personnages, noirceur du récit, cohérence de l’ensemble, etc. On pourrait ainsi continuer longtemps. On vous épargne le reste mais croyez-nous, ici, tout est vrai.
3 - Autre atout non négligeable, le plaisir non feint de regarder une série dans laquelle on n’a pas à se coltiner l'éternelle et éculée tension amoureuse entre les deux protagonistes. Ce qui laisse inévitablement plus de place aux personnages secondaires et muscle le récit.
4- Huit épisodes en tout et pour tout. Salement addictifs et ce, sans utiliser la grosse ficelle des rebondissements à la pelle. Cerise sur le gâteau, l’épilogue de la saison 1 est une « vraie » fin. Chose plutôt rare, les sériephiles en conviendront…
5 - Et enfin, et c’est sûrement l’argument le plus probant, après Castle, autre série policière à succès sur France 2, ça fait du bien de voir une femme flic qui ne fait pas son boulot avec des talons de 12cm...