À quelques semaines du lancement d’Octobre Rose, le mois de sensibilisation au dépistage précoce du cancer du sein, une étude de la Harvard Medical School pourrait beaucoup faire parler d’elle. En effet, elle préconise de généraliser les mammographies annuelles pour les femmes de plus de 50 ans afin de repérer plus précocement un éventuel cancer du sein et d’en réduire la mortalité. Actuellement, en France, aux États-Unis et dans la plupart des pays, le dépistage organisé n’est proposé qu’à partir de 50 ans. Or, selon les dernières recherches parues lundi dans la revue Cancer, la moitié des décès par cancer du sein concerne des femmes de moins de 50 ans.
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs américains ont étudié les dossiers médicaux de plus de 7 000 patientes chez qui un cancer avait été diagnostiqué entre 1990 et 1997, et se sont particulièrement attardé sur 609 femmes décédées des suites de leur cancer du sein. Résultat, la moitié d’entre elles, du fait de leur âge, n’avait pas bénéficié d’un suivi annuel. « La nature biologique du cancer du sein chez les femmes jeunes est plus agressive alors que les cancers des femmes plus âgées tendent à être moins virulents », a détaillé le professeur Blake Cady, de l’université d’Harvard et co-auteur de l’étude. « Cela suggère qu’un dépistage moins fréquent chez les femmes âgées mais plus fréquent dans cette population pourrait être plus justifié biologiquement et plus efficace », ajoute-t-elle.
Un point de vue nuancé par le docteur Bernard Asselain, chef du service de biostatistique de l’Institut Curie, dans les colonnes du Figaro : « Cette étude confirme l'intérêt du dépistage du cancer du sein, en tout cas après 50 ans. Elle suggère un bénéfice pour les femmes plus jeunes, mais les inconvénients ne sont pas évoqués et le bénéfice réel ne peut être évalué sur ce type d'étude », estime-t-il. La généralisation du dépistage avant 50 ans augmenterait en effet les risques de surdiagnostic ou d’examens faussement positifs dont les conséquences peuvent être importantes, physiquement et psychologiquement. En 2012, ces derniers ont représenté 10% des cas, selon la Société française de sénologie et de pathologie mammaire.
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