Le féminisme, cela devrait être simple. Comme le dit de manière parfaite l'écrivaine Chimamanda Ngozi Adichie, une personne qui se dit féministe est "une personne qui croit en l'égalité sociale, politique et économique des sexes". Point.
Et comme les femmes ne peuvent pas juste gueuler dans le vent qu'elles veulent l'égalité, il faut aussi que les hommes nous laissent des bouts de terrain dans la société pour que puissions reprendre leur juste place et revenir à l'équilibre entre les sexes. Donc nous devons avoir des alliés.
Être féministe, cela s'inculque, aux filles comme aux garçons, comme un principe d'éducation. Sur cette base, la marque J.Crew a décidé de commercialiser des t-shirts pour enfants avec le slogan I am feminist too ("Je suis féministe aussi"). 10% du prix de vente (25€ pour les Etats-Unis et 36,50€ depuis la France) va à Girl Up, une organisation des Nations Unis qui aide les jeunes filles dans les pays en voie de développement.
Si le t-shirt est mixte, l'enfant choisi pour en faire la promotion est un garçon. Et là ma bonne dam', tout le monde n'est pas d'accord ! Les commentaires sous la photo de cet innocent bambin qui a l'air d'avoir cinq ans sont totalement partis en live : "Arrêtez d'imposer des idéologies à nos enfants, laissez-les penser comme des enfants et laissez-les prendre leurs propres décisions, parents S'IL VOUS PLAIT".
Alors que le féminisme, c'est en somme juste vouloir être sympa avec son prochain, sur de nombreux commentaires en anglais, on accuse la marque de vouloir faire de la politique : "Assez répugnant de pousser ces idées à des enfants inconnus plutôt que de les laisser décider pour eux-mêmes comme ils le sentent à leur âge", ou encore : "Faire rentrer dans la tête des enfants une idéologie politique est mal. Apprenez-leur à être des penseurs libres qui analysent le monde autour d'eux de manière critique et qui explorent les idées avec lesquelles ils sont d'accord ou pas d'accord."
D'autres se détournent de la marque : "Endoctrinement pur. Je ne dépenserai plus jamais un centime chez Jcrew" ou "Au revoir ! Arrêtez de vouloir pousser votre agenda politique sur nous." Enfin, on sent la complexité de la pensée dans certains commentaires : "Le féminisme est dégoûtant". Profond. Comme du Christine Boutin.
On le rappelle, sur la photo figure un enfant. Mais derrière son ordinateur, on se sent tout puissant et sans limites : "Il n'est jamais trop tôt pour devenir une salope qui pleure".
Et là, point Godwin mesdames et messieurs : "Le mot féministe a changé de l'égalité au discours de haine et anti-hommes. Si vos enfants portent ça, je me sens désolé pour eux, parce que vous leur donnez une signification politique d'une nouvelle forme de nazisme. Vous savez que c'est vrai." Non.
Personnellement, quand j'entends ce genre de discours, je pense à cette petite fille, dans une manifestation parisienne anti-avortement. Ses parents lui avaient collé un faux ventre de femme enceinte à trois ans. Ne serait-ce pas plutôt ce genre de pensées conservatrices et faussement libre-pensante qui est la pire ?
Je vous laisse, je fatigue. Mon bras est endolori après ce trop plein de face palm.