Sait-on encore ce que faire l’amour veut dire ? A force de disséquer chaque détail de l’anatomie féminine, de fragmenter le plaisir en zones (clitoris, vagin, point G, seins, anus …), de disserter sur les fonctions des organes et de fractionner la mécanique masculine, faire l’amour cesse d’être un riche ensemble, et tend à se limiter - pour certains - à une « gymnastique » de préliminaires et pénétrations. Cela a des conséquences : l’absence d’orgasmes peut, dans certains cas, venir tout simplement de ce qu’une partie essentielle du rapport a été oubliée.
Il y a quelques années, le Dr. Adena Galinsky, de l’Université de Chicago, avait analysé le comportement de 3.000 hommes et femmes ayant entre 57 et 85 ans. Elle s’est particulièrement focalisée sur la moitié d’entre eux qui continuait à avoir des rapports sexuels. Le médecin cherchait à savoir comment définir un désordre sexuel, et en particulier quels éléments pouvait permettre de dire d’une femme qu’elle était anorgasmique. Le Dr. Galinsky considère qu’une femme ne souffre pas d’un dysfonctionnement simplement parce qu’elle a des difficultés à avoir des orgasmes. Si le rapport avec son compagnon est réduit à la pénétration, qu’il n’y a pas de stimulation des seins, du clitoris, des lèvres du vagin, et pas non plus de baisers n’importe où sur le corps, de touchers aussi simples que de se tenir par la main, se prendre dans les bras, se caresser les cheveux, ou poser sa tête sur l’autre, il n’y a rien qui prépare le corps à la relation sexuelle. Par conséquent, il y a peu de chances que la femme puisse jouir, ce qui ne signifie pas qu’elle a des difficultés, mais que les conditions ne sont pas réunies pour sa jouissance.
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Or, le point commun des quelques centaines de seniors qui continuaient à avoir des relations sexuelles était le besoin constant et le plaisir permanent qu’ils avaient à toucher leur partenaire, à n’importe quel moment de leur quotidien. Les petits gestes tendres seraient comme un langage entre les corps, les caresses anodines et les baisers tendres indiquant le besoin sous-tendu de se rapprocher, plus tard, dans l’union sexuelle. De la même façon qu’hommes et femmes savent se procurer des orgasmes plus intenses dans la masturbation mais pourtant jamais de façon aussi satisfaisante qu’avec un partenaire, cette étude montre - comme d’autres - que les relations sexuelles comblent mieux si elles dépassent l’acte de pénétration et s’accompagnent d’émotions et de marques d’attention. Se toucher est l’une d’entre elles.
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Les femmes qui bénéficient de peu ou pas de caresses avant un rapport ont 6 fois plus de risques que d’autres de ne pas être excitées pendant l’acte. Cela vaut aussi pour les hommes. Ceux qui ne touchent pas ou peu leurs partenaires ont deux fois plus de possibilités de souffrir de problèmes érectiles que ceux qui aiment les toucher. La plupart des gens se caressent et s’embrassent, parce qu’ils ont du désir l’un pour l’autre. En tout cas au début de la relation. Ensuite, le quotidien, le stress, la fatigue peuvent prendre le dessus, et les corps ne brûlent plus de la même flamme. Il est intéressant de voir dans cette étude que les couples qui durent sont ceux qui savent que le langage quotidien des corps passe par des petits signes de rapprochement qui sont au sexe ce que la mise en bouche est à la gastronomie : une excellente façon d’exciter les papilles, qu’elles soient tactiles ou gustatives.
Il faudrait se souvenir que l’union est un tout et qu’il est bon de cesser de faire ce que l’on reproche tant à la pornographie : regarder le détail de près en oubliant l’ensemble
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