Si vous êtes adepte des gadgets et à la pointe de la technologie, peut-être avez-vous déjà essayé les moniteurs de fréquence cardiaque foetale. Plus connus sous le nom de "doppler", ces petits appareils permettent d'écouter les battements de coeur du bébé alors qu'il se trouve encore dans le ventre de sa mère. Plutôt pratique si l'on veut suivre l'évolution de sa grossesse au jour le jour. Mais d'après l'Anglaise Elizabeth Hutton, présidente de Kicks Count, une association de bienfaisance spécialisée dans le deuil périnatal, l'utilisation d'un tel dispositif comporte des risques. "S'ils avaient été en vente à l'époque où j'étais enceinte, j'en aurais probablement acheté un. Mais à ce moment-là, je n'étais pas courant de tous les risques que cela encoure", écrivait-elle en juin dans une tribune du Huffington Post, après avoir lancé une pétition (qui a récolté plus de 12 000 signatures à ce jour) visant à interdire la vente de "doppler" (en dehors du cadre médical) au Royaume-Uni.
Car alors que les futures mamans sont de plus en sensibilisées sur l'importance de surveiller le développement de leur foetus, des outils comme le "doppler" peuvent justement se révéler contre-productifs, estime la présidente de Kicks Count. À titre d'exemple, si une future maman utilise le dispositif et qu'elle ne distingue pas de battement de coeur, cela pourra lui causer une source de stress, car elle pensera que quelque chose ne va pas. "Cette montée de stress peut conduire à une augmentation de la pression artérielle et provoquer une naissance prématurée", prévient Elizabeth Hutton.
À l'inverse, la maman peut penser que tout va bien parce qu'elle entend le coeur du bébé. Or, l'appareil ne fait pas forcément bien le distinguo entre le battement de coeur de la maman et celui du foetus. "Seul un professionnel de santé formé à l'utiliser est susceptible d'interpréter correctement les données et résultats qu'il génère", avertit Elizabeth Hutton. Ce "diagnostic" ne serait donc pas entièrement fiable et pourrait induire la maman en erreur, ce qui mettrait potentiellement la santé du futur bébé en danger.
Rassurez-vous, si vous avez un "doppler" chez vous, cela ne signifie pas pour autant que vous devez immédiatement le jeter à la poubelle. Comme l'a expliqué Abhijoy Chakladar au New York Times, médecin à l'hôpital Princess Royal à Londres, le réel danger réside surtout dans le fait d'utiliser ce dispositif au détriment des consultations médicales. "Le problème, c'est que tout ce qui se déplace à l'intérieur de vous [qu'il s'agisse de votre bébé qui donne des coups de pied, de l'air qui se déplace dans vos intestins ou du sang qui coule dans vos artères] se traduit par un son. Il faut donc disposer d'une réelle formation pour distinguer les battements de coeur d'un bébé des autres sons. Et même si vous trouvez le rythme cardiaque, vous ne repérerez probablement pas les changements de fréquence ou de rythme qui peuvent indiquer un problème", prévient le médecin.
Loin de se montrer aussi catégorique qu'Elizabeth Hutton sur les risques représentés par un moniteur de fréquence cardiaque foetale, le Dr Chakladar reconnaît cependant que ce dispositif peut se révéler amusant, à condition qu'il ne devienne pas une alternative aux conseils médicaux.
Conclusion : vous pouvez certainement continuer à utiliser votre moniteur, mais sans oublier que jouer aux apprentis médecins peut nuire à la santé de votre bébé. Donc, appareil ou pas, il reste indispensable de consulter régulièrement votre médecin jusqu'au terme de votre grossesse.