La consultation médicale ne serait pas le réflexe premier des Françaises. 77 % d'entre elles repousseraient le moment de prendre rendez-vous. 70 % ne se rendraient chez le médecin que lorsqu'elles sentent "qu'elles ne peuvent plus faire autrement". Trois femmes sur quatre négligeraient ouvertement leur santé. Ces chiffres émanent d'une enquête du cabinet d'études Elabe pour Axa Prévention, relayée par Le Parisien. Elle a été réalisée auprès d'un échantillon de 2 505 personnes, dont 1 324 femmes et 1 181 hommes.
De leur côté, 74 % des hommes retarderaient quant à eux leur consultation médicale. On le comprend, les Français ne sont pas des plus prévoyants au sujet de leur santé. Mais par-delà cela, c'est un véritable enjeu de genre qui se profile dans ces données. L'enquête révèle effectivement que 81 % des femmes interrogées ne penseraient pas "à s'occuper d'elles mais avant tout de leurs proches". Elles peuvent accompagner ces derniers au cabinet médical, ou prendre rendez-vous pour eux, mais pas pour elles.
A titre d'exemple, 57 % des 1 324 femmes prises en compte par cette enquête s'occuperaient, seules, du suivi médical de leurs enfants, contre 3 % des pères. Une inégalité qui en dit long.
Quand on leur demande pourquoi elles ne prennent pas rendez-vous afin de prendre soin de leur santé, la majorité des femmes interrogées rétorqueraient : "On verra après, ça peut attendre", révèle l'étude. Seule une femme sur deux, épingle encore l'enquête, ferait état d'un suivi gynécologique régulier.
"Les femmes font toujours passer leurs enfants avant elles et lorsqu'en plus, elles ont des difficultés d'accès aux soins, elles renoncent d'autant plus facilement. J'ai aussi constaté qu'une partie des 40-50 ans, après leur accouchement, ne prenaient plus le temps d'avoir un suivi gynécologique", déplore dans les pages du Parisien la médecin généraliste Margot Bayart.
En somme, les femmes se négligeraient pour le bien de leur famille. Une réalité qui en dit long sur les inégalités de genre. Au sein du foyer, c'est également du côté des tâches ménagères que l'inégalité demeure. Lourdement. Selon une étude de la Fondation Jean Jaurès, les Françaises en couple dédieraient 61 % de leur temps libre à la cuisine, la vaisselle, le ménage, l'entretien du linge, les courses. Sur 5 026 Européennes interrogées 75 % déclarent faire "plus" que leur conjoint dans ce domaine du quotidien. Des données qui alourdissent une charge mentale déjà considérable.
Autant dire que le temps libre qui reste n'est pas dédié aux consultations médicales. "Les femmes ont progressé sur le plan professionnel, elles ont gagné en responsabilité, mais sur le plan domestique et parental, ça stagne. Depuis trente ans, rien ne bouge vraiment. C'est encore aux femmes que reviennent la majorité des tâches ménagères, le suivi des enfants, de leur scolarité, or une journée n'a que 24 heures", ajoute la maîtresse de conférences Muriel Salle interviewée par Le Parisien. Des inégalités qui vont jusqu'à mettre leur santé en péril.