C'est l'un des témoignages les plus forts depuis cette funeste journée du 7 janvier qui a touché en son coeur le journal Charlie Hebdo. Jeannette Bougrab, la compagne du directeur de la rédaction Stéphane Charbonnier, dit Charb, a accepté de parler en direct sur BFMTV ce jeudi (8 janvier), au lendemain de l'effroyable attentat qui a fauché l'amour de sa vie. Retenant ses larmes, elle a livré un témoignage digne et déchirant.
« Il a été exécuté parce qu'il défendait la laïcité, il défendait cet esprit voltairien, il était le fruit de cet idéal. Il est mort debout, exécuté avec ses camarades et on ne peut être que très fiers de lui. Il mérite le Panthéon, lui et ces dessinateurs méritent une cérémonie comme Malraux a fait pour Jean Moulin. »
Jeannette Bougrab a poursuivi en rendant un vibrant hommage à tous les membres de l'équipe Charlie Hebdo morts dans l'attentat, froidement abattus en pleine conférence de rédaction. « C'est un immense gâchis. C'étaient des gens exceptionnels, c'était des héros. [...] Ce sont des résistants et si j'étais le président de la République, c'est ce que je ferais : je leur donnerais le Panthéon. Ils sont morts pour la laïcité et morts pour que nos fils puissent demeurer libres. »
Des sanglots dans la voix, secouée par l'émotion, l'ex-secrétaire d'Etat de Nicolas Sarkozy (« Il me disait souvent que j'étais une communiste qui s'ignorait ») a décrit Charb, dont elle partageait la vie depuis trois ans, comme « quelqu'un de très gai », précisant qu'il « se sentait menacé » (le dessinateur bénéficiait d'une protection rapprochée depuis l'attaque du journal au cocktail molotov en 2011). « On essayait de vivre normalement, mais c'était compliqué. Jamais personne ne les a réellement défendus ».
Pour Jeannette Bougrab, le cauchemar est loin d'être fini. Pour elle, le pire est encore à venir : « J'ai peur de voir son corps. Je ne l'ai pas encore vu. Je ne sais pas comment je vais réagir », évoquant également les projets que le couple avait avant le drame, des rêves d'évasion brutalement laminés par la barbarie et l'obscurantisme. Et de conclure son témoignage poignant : « Il faudra continuer le combat ».
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La vidéo de Jeannette Bougrab décrivant la manière dont elle a appris la mort de Charb, son compagnon :