Vous connaissez certainement Clémentine Autain pour ses engagements féministes. Il n'y a pas si longtemps encore, lors du confinement, elle dénonçait le "Corona-Viril", autrement dit l'exclusion et l'invisibilisation des femmes malgré leur importance primordiale aux premières lignes d'une société immobilisée par la pandémie. Figure majeure de la France Insoumise et désormais du Nouveau Front Populaire, élue au premier tour des élections législatives, cette personnalité politique est familière des électeurs de gauche.
Mais connaissez vous sa mère ? Il s'agit de Dominique Laffin. Une actrice aux partitions intenses, à la présence inoubliable. Dominique Laffin, décédée tragiquement en 1985, fut inoubliable devant la caméra de Catherine Breillat, dans le film "Tapage nocturne". Mais on a aussi pu la voir jouer sous le regard de Claude Miller, de Claude Sautet, de Marco Ferreri. Des très grands noms du cinéma des années 70. Le souvenir de Dominique Laffin n'a jamais quitté Clémentine Autain. La femme politique n'avait que douze ans quand sa mère est morte. Elle l'a rappelée sur le plateau de l'émission "C à vous"...
Face à Anne-Elisabeth Lemoine, Clémentine Autain est venue aborder avec beaucoup de conviction l'importance du mouvement #MeToo, qui bouscule aujourd'hui le cinéma français. Et son émotion s'est rapidement exprimée sans détour... Une séquence poignante.
Sur le plateau de "C à vous", Clémentine Autain aborde avec fermeté le mouvement #MeTooCinema. Puis, peu à peu, fond en larmes. C'est bien légitime : sa mère, Dominique Laffin, a été dirigée par Jacques Doillon, accusé d'agression sexuelle par Judith Godrèche - comme l'est également un autre nom du cinéma d'auteur hexagonal, Benoît Jacquot. C'était à la toute fin des années 70 pour "La Femme qui pleure". A l'époque de ce tournage, Dominique Laffin, qui sera nommée aux César l'année suivante, est âgée de 27 ans.
"Je suis particulièrement émue car la question du viol est mon combat mais aussi parce que ma mère était comédienne et a tourné avec Jacques Doillon", défend ainsi Clémentine Autain. "Pardon, excusez-moi.. je suis désolée de craquer comme ça.", se coupe alors la femme politique, la voix prise par l'émotion. Avant de poursuivre sur le même ton : "Je connais aussi Judith Godrèche maintenant. Et je vois tout ce qui a pu être fait sur ces femmes qui ont été prises comme des objets... Je ne sais pas ce qui s'est passé entre ma mère et Jacques Doillon mais je pense qu'il y avait comme une relation amoureuse, il a tiré quelque chose d'elle... Il y a une bascule après ce film pour elle".
La députée féministe évoque à juste titre Judith Godrèche, et l'on pourrait, par-delà les accusations dont Jacques Doillon fait l'objet, citer les noms de toutes celles qui sont venues libérer la parole : Adèle Haenel, il y a quatre ans déjà. Charlotte Arnould, Judith Godrèche, Isild Le Besco (dans les pages du magazine ELLE), Juliette Binoche... Toutes composent le mouvement #MeTooCinéma qui vient épingler les attitudes des "monstres sacrés" du septième art et cinéastes, sur les tournages... Et en dehors. Clémentine Autain a une pensée pour elles : "Il faut se rendre compte que pour ces femmes qui parlent, c'est dur, c'est violent !"