« Quand on passe de brune à blonde, on peut avoir beaucoup d’images collées, qui ne sont pas toujours très belles… Genre la bêtise » Cet aphorisme signé Eve Angeli avait suivi, il y a quelques mois, la décision d’Alizée de passer du côté des peroxydées. « Blonde », le nom de son album, a depuis fait un flop. Pourtant, la brunette continue l’eau oxygénée, prétend n’avoir jamais été aussi heureuse que depuis qu’elle fraye parmi les anges capillaires et, même, dit se sentir carrément « mieux dans son corps » depuis qu’elle a changé de couleur.
En France, selon une enquête TNS World Panel parue en 2007, il y a 5 millions de blondes. Pourtant, parmi elles, on compte nombre d’Alizée et autres tricheuses plus subtiles. Cessons donc de couper les cheveux en quatre et annonçons tout de go ces chiffres que vous attendez fébrilement : parmi ces millions de Marilyn, 52% sont de « fausses blondes » (pas nées blondes : des brunes, quoi), et 31% font des mèches pour aider la nature à recouvrer ses droits. Au final, seules 17% desdites blondes sont des « vraies » blondes, soit bien peu.
Si les vraies fausses blondes acceptent facilement de faire leur coming-out, les adeptes du balayage californien ont un statut plus délicat. « C’est une vraie blonde, tu crois ? », ricanent les garçons depuis la nuit des temps (ou du moins depuis que le balayage pro est devenu mainstream, et donc que le doute est devenu possible) ? Qu’entend-on par « vraie blonde » ? Car lorsqu’on fait partie des 31% de méchées et autres flashées nées blondes, photo à l’appui (« Regarde hein, petite, j’étais blonde ! MAIS REGARDE »), dont la crinière flamboyante, passée à la machine à hormones s’est ternie, assombrie, « chataignisée » avec les années, il faut bien faire un choix. Et aider la nature à recouvrer ses droits, ceux qui ont initialement voulu que le blond accompagne une carnation… de blonde.
Le blond fascine. Attire, énerve, et fait marcher la machine à fantasmes. Les études le prouvent : les hommes préfèrent les blondes, fausses ou vraies… Enfin, pas tout à fait. Nicolas Guéguen, un chercheur en psychologie sociale, a ainsi testé le pouvoir du blond sur la gente masculine en affublant une jeune femme attablée à une terrasse de café d’une perruque blonde, puis brune, puis rousse. A l’issue de l’expérience, il s’est avéré que la perruque blonde avait suscité bien plus de remarques sexistes, de grossièretés, de sifflements. Associée au sexe, la blonde plaît, certes, mais n’inspire pas confiance.
En 2013, The Telegraph avait ainsi publié une étude révélant que 54% des hommes choisiraient instinctivement une brune pour en faire leur épouse contre 16% qui opteraient pour une blonde (30% se déclarant sans préférence). Jugée « plus profonde », « plus raisonnable », la brune est donc la grande gagnante dans la course au mariage. Et la fausse blonde, alors, née brune, serait-elle considérée comme moins profonde ? Oui, selon Tobie Nathan, interrogé par le magazine Psychologies : « Une femme dont on pressent qu’elle a passé des heures à se teindre en blonde ou à se doter d’une coiffure sophistiquée apparaît d’emblée comme désirante. Elle semble dire : “Je suis disponible” ». Comme si une femme qui cherche à se faire remarquer par la flamboyance de sa chevelure ne pouvait avoir que peu de vertu – et de cervelle. Ce qui témoigne d'un machisme anti (fausse) blonde inacceptable, donc, qui expliquerait le fameux ricanement accompagnant la mâle question sur l’authenticité d’un blond.
Diantre. Et si, contre toute attente, Eve Angeli avait raison ? Pas si blonde, finalement…
Bande annonce du classique de Marilyn Monroe, « Les hommes préfèrent les blondes » (1953)