Et si vous pouviez déterminer si un homme est macho rien qu'à son sourire ? C'est l'objet de l'étude menée par Jin Goh et Judith Hall, deux chercheurs américains de l'université de Northeastern, qui ont analysé le comportement d'un panel de jeunes gens. Désireux de découvrir si le choix des mots, les mimiques ou les sourires d'un homme lorsqu'il parle à une femme pour la première fois peuvent trahir, même de manière subtile, son degré de machisme, ils ont observé les interactions de 27 paires de jeunes étudiants de leur université.
Après avoir fait remplir aux garçons un questionnaire établi en 1996 permettant d'évaluer leur forme de sexisme, c'est-à-dire "hostile" ou "bienveillant" (terme qui désigne grosso modo les hommes qui considèrent les femmes comme des êtres fragiles devant être protégés à tout prix), ils les ont en effet filmés en train de jouer à un quizz et de discuter avec une congénère.
Jin Goh et Judith Hall ont ensuite analysé minutieusement ces échanges en consignant leur impressions et en rendant compte des indications non-verbales, comme les sourires. Grâce à un logiciel permettant de compter les mots, ils ont également pu étudier de manière approfondie le contenu de ces conversations filmées pour en tirer des enseignements.
D'après leurs observations, la manière de parler des étudiants aux opinions les plus hostiles à l'égard des femmes donnait l'impression qu'ils étaient moins facilement approchables et moins sympathiques. Ces derniers souriaient également moins fréquemment au cours de l'entrevue filmée.
A l'inverse, les étudiants qui faisaient preuve de sexisme "bienveillant" étaient perçus comme plus faciles d'accès, chaleureux et aimables, ainsi que plus souriants. Ils utilisaient également plus de mots chargés d'une connotation positive et se montraient, de manière globale, plus patients avec leur partenaire féminine lors du quizz.
Si l'étude réalisée par Jin Goh et Judith Hall est trop restreinte pour être prise au pied de la lettre, c'est la première fois que des chercheurs analysent l'expression verbale et non-verbale du sexisme "hostile" et du sexisme "bienveillant". Surtout, elle met en avant la manière subtile dont s'exprime ce dernier.
"Beaucoup de gens sont sensibles aux agressions verbales teintées de sexisme, mais ils font pas toujours le lien entre le machisme et un comportement chaleureux", explique Jin Goh. Et ce dernier d'ajouter : "Tant que ces deux facettes du sexisme ne seront pas prises en compte, la nature insidieuse du sexisme 'bienveillant' continuera à jouer un rôle moteur dans la persistance des inégalités hommes-femmes dans notre société."
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