Le sexisme tue. C’est la conclusion qu’on peut tirer d’une étude américaine publiée la semaine dernière sur les maladies cardiaques. Judith Lichtman, professeur d’épidémiologie à Yale, s’est en effet penchée, en compagnie d'autres chercheurs, sur les raisons qui poussent les femmes à ne pas consulter aux premiers symptômes de troubles cardiaques.
Chaque année, plus de 15 000 femmes de moins de 55 ans meurent de maladies cardiaques aux Etats-Unis. En outre, les femmes plus jeunes sont deux fois plus susceptibles que les hommes du même âge de mourir des suites d’une crise cardiaque après hospitalisation.
D’après les chercheurs qui ont interviewé longuement trente femmes âgées de 30 à 55 ans qui avaient été hospitalisées à la suite d’une attaque cardiaque, deux facteurs expliqueraient cette réticence à consulter un médecin malgré l’apparition de symptômes médicaux.
D’abord, les femmes peineraient à reconnaître les signes d’une maladie au coeur à cause d’Hollywood : influencées par la représentation - forcément dramatique - que fait le cinéma de la crise cardiaque, elles auraient tendance à minimiser leurs propres troubles. Or une crise cardiaque peut aussi être annoncée par des symptômes légers comme des nausées ou des douleurs aux bras.
Par ailleurs, les auteurs de l’étude ont constaté que les femmes rechignent à se rendre chez le médecin de peur d’être taxées d’« hystériques ». Jennifer Tremmel, cardiologue à Stanford University, note que ce constat « est intéressant car le concept d’hystérie féminine est très ancien ». Mais, explique-t-elle, « il s’agit d’un phénomène récurrent dans le champ médical, et nous devons encourager les patientes afin qu’elles sachent qu’elles peuvent se rendre à l’hôpital si elles ont peur que quelque chose n’aille pas. ».
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Les femmes ne sont pas les seule victimes de stéréotypes profondément ancrés. Les hommes sont à leur tour affectés par les clichés dominants sur leur sexe. Les spécialistes notent que ceux-ci, peu enclins à accepter leurs fragilités au nom d’une certaine idée de la masculinité à la Alain Delon, sont encore moins nombreux que les femmes à se rendre chez un psychologue ou un psychiatre pour traiter leur dépression.
Comme l’explique Radhika Sanghani dans le Telegraph, « quand les associations spécialisées dans la santé mentale tirent la sonnette d’alarme en raison de la hausse du taux de suicide chez les hommes et qu’on constate que les femmes souffrant de troubles cardiaques tardent à consulter, il y a un vrai problème. »