Les sondages hexagonaux relatifs à cette période de confinement ne cessent de nous surprendre. Prenez un chiffre, au hasard : 68 %. Cela, c'est le taux d'hommes qui déclarent prendre la peine de changer de slip ou de caleçon une fois par jour durant cette exceptionnelle phase d'isolement national. A peine plus de deux Français sur trois donc. Des résultats peu ragoûtants mis en avant par une récente enquête de l'Ifop.
Et ce n'est pas la seule révélation abordée par l'Institut français d'opinion publique, loin de là. Saviez-vous par exemple que seulement 67 % des Français interrogés procèdent à une toilette complète tous les jours ? On est loin de la discipline la plus pointilleuse. Il faut dire que la question de l'hygiène met en lumière des attitudes non seulement normalisées mais, pourrait-on dire, genrées. Une suggestion appuyée par le poids des chiffres.
"Mains propres, slips sales", c'est le titre de ce sondage réalisé auprès d'un échantillon de 1 016 Français, aux prémices du mois d'avril. Derrière cet intitulé légèrement comique, une conclusion, cinglante : depuis plus d'un mois, hommes et femmes ont tendance à moins se laver. La diminution des sorties a beau en être l'une des causes présumées, l'évolution n'en est pas moins vive : 76 % des sondés affirmaient effectuer une "toilette complète" avant le confinement, et ce taux a quasiment baissé de dix pour cent en quelques semaines. Pour l'Ifop, nous sommes donc face à une indéniable "dégradation de la fréquence de lavage du corps ou des sous-vêtements".
Et ce, alors même que nous nous lavons les mains plus souvent, et que - en majorité - nous faisons notre possible pour respecter les mesures sanitaires strictes inhérentes à cette situation de pandémie mondiale. Mais c'est au sein du foyer que se perpétue un certain laisser-aller. De quoi nous faire comprendre, dixit l'Institut, que le respect le plus élémentaire de notre hygiène corporelle est avant tout dicté "par la prise en considération du regard d'autrui". Si la réflexion est globale, elle se voit néanmoins nuancée par des observations plus méticuleuses : les femmes sont 73 % à se laver entièrement tous les jours, et les hommes... seulement 61 % !
Faut-il en déduire que l'hygiène est une question de genre ? Disons plutôt que tout cela est - encore et toujours - un problème de constructions sociales et de préjugés bien ancrés au sein de notre société. Rappelons que selon une récente étude du laboratoire national de Los Alamos, les femmes sont à environ 50 % plus susceptibles que les hommes "de respecter des pratiques comme le lavage de mains, l'usage de masques ou la distanciation sociale". C'est comme si les mec se sentaient "trop machos pour s'inquiéter des germes". En somme, bien des hommes pensent que le lavage de mains (ou le lavage tout court) serait "un truc de bonnes femmes".
Une recherche édifiante à laquelle l'enquête nationale de l'Ifop semble s'accorder aujourd'hui : l'on y découvre qu'à peine 57 % des hommes confinés en solo procèdent quotidiennement au lavage de leurs corps et visage. Et parmi ces gars solitaires, 41 % admettent ne pas changer de slip tous les jours. C'est énorme. Bref, c'est la fête du slip sale en plein confinement. Si comme l'affirme l'Institut, l'absence de toilette quotidienne reste donc "un phénomène masculin", il ne tient qu'aux principaux concernés de bouleverser ces clichés un peu trop sexués.