"La solidarité ne doit pas être victime du Covid-19". Plus qu'une promesse, c'est une affirmation qu'a soutenu le ministre du Logement Julien Denormandie dans les pages du Parisien. Sa mesure ? Réquisitionner dans l'immédiat des chambres d'hôtel pour les personnes sans-abri. Une décision essentielle : en pleine pandémie du coronavirus, les femmes et hommes SDF demeurent les grands oubliés du confinement national.
Car que peuvent bien répondre les personnes sans-abri à la consigne "Restez chez vous" ? Face à cette question, le gouvernement insiste sur l'importance du logement d'urgence afin de "mettre à l'abri celles et ceux qui vivent encore dehors", poursuit Julien Denormandie sur les bancs de l'Assemblée nationale.
Car la crise sanitaire que nous vivons aujourd'hui ne fait qu'exacerber les inégalités sociales. Entre celles qui rédigent leur "Journal de bord" de leur maison de campagne et toutes ces femmes qui se voient être dans l'incapacité de télétravailler, risquant au quotidien leur santé (les caissières, infirmières, aides-soignantes). L'inégalité se poursuit dans la rue, entre les classes privilégiées, bafouant les mesures de distanciation sociale en se rassemblant, et les personnes sans-abri, quant à elles bien démunies face à la nécessité du confinement.
"Les commerces sont fermés, les McDo aussi. On ne sait pas comment faire, ils veulent fermer les toilettes publiques", raconte en ce sens un homme sans domicile fixe. C'est à cela que rétorque le gouvernement depuis le 18 mars dernier. "La situation est évidemment compliquée parce que cette mise à l'abri nécessite des dispositifs particuliers, on privilégie notamment les chambres individuelles, les hôtels. On travaille beaucoup avec ces derniers pour libérer un maximum de chambres", détaille au Parisien le ministre du Logement.
En tout, ce sont plus de 170 chambres d'hôtel qui devraient être libérées d'ici le 22 mars prochain. De plus, plus de 80 sites à travers la France pourraient accueillir les personnes SDF. Ce ne serait pas de trop : au moins 250 000 personnes vivent dans la rue aujourd'hui, rappelle le journal. Une inquiétude déjà exprimée par Anne Hidalgo. Le 17 mars dernier, la maire de Paris avait exigé de l'Etat qu'il "équipe en matériel de protection les bénévoles et les salariés des associations humanitaires qui viennent en aide aux sans-abri et qui interviennent dans les centres d'hébergement d'urgence".
Elle alerte : "Mais pour que les distributions alimentaires puissent se faire, il faut équiper les bénévoles !". Car plus que la "solidarité", c'est la pauvreté qui risque d'être victime de cette contagion.