C'est un témoignage qui a généré des milliers de likes et de retweets. Et pour cause, il est édifiant. Une internaute et maman solo nous raconte comment le vigile d'un magasin Monoprix a interdit à sa fille de six ans de l'accompagner durant ses courses. "En désignant ma fille, il a dit : " - elle peut rentrer mais elle attendra en caisse que vous ayez fini vos courses. "... Il n'en est absolument pas question ! Je suis parent isolé. Elle ne peut pas rester seule chez nous et encore moins seule à une caisse à 6 ans", s'indigne à raison la mère de famille.
"Les enfants sont porteurs sains, ils mettent en danger les gens âgés !", lui aurait alors expliqué la directrice du magasin. Le vigile, quant à lui, lui aurait "conseillé" de "faire ses courses ailleurs".
Des échanges houleux qui ont suscité la colère sur la Toile. "Monoprix vous vous croyez au dessus des lois ?", a décoché la militante féministe Karine Plassard. Et pour cause : rien n'interdit aux enfants d'accompagner leurs parents lors des courses. Et il n'est pas inutile de le rappeler.
"C'est scandaleux et lamentable", a ajouté Karine Plassard. Certes, mais c'est également illégal. Pour s'en assurer, il suffit de s'en remettre aux mots du Défenseur des droits Jacques Toubon. "Les magasins d'alimentation ne peuvent interdire leur accès aux personnes accompagnées d'un enfant, ni leur demander de laisser leur enfant à l'entrée du magasin, y compris au niveau des caisses ou à la garde d'un vigile", rappelle-t-il sur Twitter.
Et les mesures sanitaires "restrictives" que nous devons respecter afin de limiter la propagation du coronavirus n'exigent en rien cette interdiction, bien au contraire. De plus, détaille le Défenseur des droits, cette demande abusive porte directement atteinte "aux droits des personnes, des parents isolés et de leurs enfants". Cette pratique met ouvertement en danger ces derniers, laissés seuls, à proximité d'inconnus, et nie leur droit fondamental "à être protégés contre toute forme de violence", développe encore le Défenseur. CQFD.
Malgré ces rappels éclairants, cet irrespect de la loi risque bien de survenir de nouveau. Le journal Sud Ouest a récemment relayé une situation similaire, vécue par une jeune mère de famille en Gironde. Le personnel d'un supermarché aurait refusé que ladite cliente pénètre dans les lieux en compagnie de son fils - âgé de 14 mois seulement. Les nouveaux règlements des magasins Leclerc ont également été fustigés : "L'accès à l'hypermarché est dorénavant autorisé à deux personnes, sans enfant", peut-on y lire.
Face à la polémique et à la multiplication des abus, la secrétaire d'Etat Marlène Schiappa a elle aussi décidé de réagir ce vendredi 10 avril : "Nous rappelons qu'en période de confinement il n'est pas possible pour les mères ou les pères isolés de faire garder leurs enfants et, en fonction de leur âge ou de leur situation, pas toujours souhaitable de les laisser seuls. Les rejeter est une discrimination, le Défenseur des droits en a rappelé le principe", rappelle un communiqué émanant du secrétariat d'Etat.
"Afin de permettre à tous les parents de pouvoir faire leurs courses dans le respect des mesures barrières et des règles fixées par les autorités, le secrétariat d'Etat chargé de l'égalité femmes hommes et de la lutte contre les discriminations ouvre ce jour une adresse mail: dgcs-coursesparentsisoles@social.gouv.fr pour recevoir les signalements des parents isolés refusés à l'entrée des magasins, à qui il est demandé de laisser leur enfant à la caisse ou avec des inconnus."