En pleine affaire Cahuzac, et alors que l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy est mis en examen pour abus de faiblesse dans l’affaire Bettencourt, les Français font preuve d’une forte défiance envers la classe politique. Ainsi, selon un sondage CSA pour BFMTV publié jeudi 11 avril, 55% des Français estiment que la plupart des hommes et des femmes politiques sont corrompus, 37% déclarant à l’inverse que la corruption ne concerne qu’une petite minorité d’entre eux. Cette méfiance vis-à-vis de la classe politique se trouve être renforcée chez les actifs : tandis que 49% des retraités estiment que la plupart des politiques sont corrompus, ils sont 56% parmi les ouvriers et les cadres, 60% chez les employés et 63% parmi les professions intermédiaires. « On observe depuis un certain temps une baisse de la confiance des citoyens dans la classe politique, y compris envers le personnel local, qui jusque-là souffrait moins de la défiance des électeurs », commente Luc Rouban, politologue et directeur de recherches au CNRS. Et de rappeler qu’en « 1961, 53% des Français déclaraient faire confiance aux hommes politiques. Ils n’étaient plus que 43% en 1978, 33% en 2003 pour tomber à près de 25% en 2010 ». Une chute vertigineuse qui confirme la défiance généralisée envers la chose politique. « On a assisté à une forme de désacralisation de la vie politique, à sa normalisation, les hommes et femmes politiques sont désormais considérés comme des hommes comme tout le monde, et les citoyens sont devenus beaucoup plus critiques, en dehors même des scandales et affaires judiciaires pouvant émailler la vie politique », analyse M. Rouban.
Selon ce même sondage, la défiance aurait également une couleur politique : ainsi les sympathisants du Parti Socialiste sont moins nombreux à estimer que la plupart des politiques sont corrompus (38%) que ceux de l’UMP (48%), du Front de gauche (53%) et du Front National (70%). Par ailleurs, chez les sondés ne se déclarant proche d'aucun parti politique, cette proportion atteint les 61%. « Cette méfiance envers le personnel politique est particulièrement propre aux extrêmes, notamment au FN qui a développé son argumentaire autour de la corruption des politiques, du comportement suspect des élites… », souligne Luc Rouban, qui le rappelle : « C’est loin d’être nouveau en France, cette critique de la classe politique, qui serait comme une bulle élitaire qu’on ne peut pas contrôler. » Une méfiance qui traduirait un éloignement du politique ? Non, répond le politologue : « La défiance n’est pas le rejet du politique, au contraire, les Français s’y intéressent et sont critiques ». Et d’ajouter : « il est démontré que les Français sont naturellement plus méfiants que leurs voisins européens, et pas uniquement vis-à-vis de la politique. C’est une donnée sociologique à garder en tête… ».
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