Société
"Le vert est interdit" : des foulards pro-IVG "censurés" lors du match Argentine-Ecosse
Publié le 21 juin 2019 à 12:35
Par Catherine Rochon | Rédactrice en chef
Rédactrice en chef de Terrafemina depuis fin 2014, Catherine Rochon scrute constructions et déconstructions d’un monde post-#MeToo et tend son dictaphone aux voix inspirantes d’une époque mouvante.
Lors du match Argentine-Ecosse de la Coupe du monde féminine de foot au Parc des Princes, des spectatrices ont dû retirer leurs foulards verts, symboles de la lutte en faveur de l'avortement.
Des foulards verts interdits de stade Des foulards verts interdits de stade© Twitter Margaux Collet
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Margaux Collet, co-autrice de Beyoncé est-elle féministe ?, était ravie de se rendre au Parc des Princes pour la Coupe du monde féminine du foot ce mercredi 19 juin. D'autant que c'était la première fois qu'elle assistait à un match de foot. Et que l'équipe qui affrontait l'Ecosse pour la qualification en huitième de finale était l'Argentine, pays où les féministes mènent activement une campagne depuis 20 ans pour la légalisation du droit à l'avortement.

"Nous sommes toutes militantes féministes et au lieu de nous maquiller aux couleurs du drapeau argentin, nous avons voulu montrer notre soutien à la légalisation du droit à l'IVG qui a connu un essor particulier l'été dernier quand la proposition de loi déposée chaque année pour l'avortement a été examinée par le Parlement et rejetée par le Sénat à 7 voix après une énorme mobilisation populaire", nous explique-t-elle.

Pour marquer le coup, elle décide avec ses amies d'arborer des symboles discrets : des foulards et un simple débardeur verts.

De nombreux·ses artistes et femmes politiques se sont emparé·es de ces "pañuelos verdes" (foulards verts) en soutien au droit à l'avortement comme cette année lors d'une montée des marches au festival de Cannes très émouvante. Mais pas question pour les amies militantes de faire un happening au Parc des Princes. Aucune action spectaculaire n'était prévue. Pourtant, la simple couleur verte n'a pas manqué de taper dans l'oeil des stadiers, visiblement briefés en amont.

"Une personne au scan des billets nous a dit : 'Par contre, le vert, c'est interdit'. On a éclaté de rire. Il y aurait des couleurs autorisées dans les stades ? On ne savait pas qu'il y avait un dress-code ! Deux responsables de la sécurité sont venus nous interroger. Et à aucun moment, ils ne nous ont dit : 'Les symboles politiques sont interdits et ceci est un symbole politique'. C'était donc complètement absurde", s'étonne Margaux Collet.

"Dès qu'on parle des droits des femmes, il n'y a pas de marge de manoeuvre"

La sécurité a finalement récupéré les foulards (qui leur seront rendus à la fin de la rencontre). Et durant tout le match, le petit groupe sera scruté. "Nos billets ont été photographiés et en rigolant, on a dit : 'Vous allez mettre une caméra sur nous pendant tout le match ?'. Et on nous a répondu : 'Pas qu'une caméra, vous aurez plusieurs personnes braquées sur vous pendant tout le match'. Et en effet, il y avait des stadiers qui nous regardaient. Sauf que nous n'allions absolument pas nous la jouer comme les Pussy Riots qui avaient pénétré sur le terrain à Moscou lors du Mondial l'année dernière !"

La mésaventure de Margaux Collet n'est pas isolée. D'autres spectatrices ont fait les frais de cette sélection à l'entrée comme le groupe féministe Alerta Feminista. Si les militantes ont vu leur banderole en faveur de la légalisation de l'IVG confisquée, elles ont cependant pu la déployer à l'extérieur du stade une fois le match terminé.

Contactée par Le Parisien, la FIFA (Fédération internationale de football association) assume. "Un stade de football ne peut pas être un lieu de revendication de quelque nature que ce soit et, ce, même si les causes sont louables", explique un porte-parole. "Conformément au règlement applicable dans les stades de la Coupe du monde féminine, France 2019, le Comité d'Organisation a refusé l'introduction de la banderole dans l'enceinte – dont la présence n'avait pas été déclarée au préalable – et demandé à ces personnes de ne pas entrer ainsi, ce qu'elles ont accepté sans manifester de mécontentement en ôtant leur tee-shirt avant de rejoindre les tribunes."

Des consignes qui interloquent Margaux Collet. "Il y a une forme de censure. On voit depuis toujours des messages politiques, des injures racistes et homophobes dans les stades. Et là, on était loin de déployer une banderole ou préparer une action sur le terrain... Mais tout cela montre que dès qu'on parle des droits des femmes, il n'y a pas une petite marge de manoeuvre possible. Et surtout, on pourrait se dire que l'avortement en France ne devrait pas être un sujet. Appliquer les restrictions qui sont à l'oeuvre dans d'autres pays, ça peut aller très loin..."

Pour autant, cet incident n'a pas refroidi Margaux. Elle retournera voir d'autres matchs de cette coupe du Monde féminine historique et continuera à participer à l'engouement collectif. "Il y avait une super ambiance, plein de jeunes, plein de petites filles... C'était formidable."

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