Il a trente-trois ans, des millions de dollars sur son compte en banque, a déjà subi trois attaques cardiaques et, avec ses 761 000 followers sur Instagram, a récemment été élu l’homme le plus intéressant du réseau par Buzzfeed. Joueur de poker professionnel, cette tête brûlée à la barbe de hipster ni spécialement beau gosse ni spécialement spirituel a construit sa renommée sur ce lifestyle viril qu’il partage généreusement avec son public sur le réseau photos. Voitures de sport, belles pépés très nichonnées qui font des cœurs avec leurs mains, et même avec leurs bras, guns de toutes tailles (avec une égale préférence pour les gros), yachts mais aussi petits chats tout mimi, on peut dire que notre Trash Paul 2.0 a compris les codes de la Web-célébrité.
Chaque jour, alors qu’il parcourt la planète de tournois en pool parties, Dan filtre sa vie en sépia pour ce public qui suit ses aventures le portable à la main comme d’autres celle des Ch’tis ou des Anges devant leur écran. Le jeune homme le revendique lui-même : si les Kardashian doivent leur célébrité à leur programme de télé-réalité, celle-ci s’est également abondamment nourrie du relais heure par heure qu’en ont fait les sœurs fessues sur le réseau. Shy’m, M Pokora, Jean Imbert et même Johnny Hallyday, ils sont en France aussi de plus en plus nombreux à avoir senti l’intérêt de mettre en scène leur quotidien à travers ces filtres trendy sans avoir à attendre les sollicitations des médias.
Le pitch de Dan Bilzerian, lui, est on ne peut plus simple, et ça marche. Il roule dans une voiture de sport à plaque « suck it », déplore la larme à l’œil qu’Instagram le force à dépublier ses plus belle photos de pussy ou de gros nénés, multiplie les clichés sexistes sous les LOL gras de ses fans, tape le carton dans son jet, poste des photos de son chat avant et après qu’il eut assisté à ses ébats avec une énième playmate (qu’il dit), le tout sans jamais changer de tenue : tee-shirt molasse et treillis camouflage pas des plus hot. Bref, Dan Bilzerian est un gros beauf plein de ces billets verts qu’il shoote à tout va parvenu à fasciner le péquin moyen avec ses clichés machos (au propre comme au figuré), fascination qu’éprouvera sans doute votre homme lorsque vous vous offusquerez auprès de lui de cette célébrité si honteusement acquise sur le réseau-roi du culte de la personnalité.
« That guy rocks ! », « Adopte-me, man », « The most interesting man in the world »… c’est en substance les réflexions qui viennent aux disciples de ce Bachelor des smartphones. Quant à Dan Bilzerian, il reste un jouet pour petit garçon devenu grand, toujours prompt à avoir les yeux qui brillent devant le copain qui montre les photos de cette monitrice de colo qu’il est censé avoir séduite pendant les grandes vacances. De là à voir dans la mise en scène de notre Paul trash une approche très marketée et consciente, voire second degré, de ce soap qu’est devenue son existence, il n’y a qu’un pas.
Allez Dan, sans rancune. Ta vie (réelle ou scénarisée) n’est peut-être pas notre rêve, loin s’en faut, mais tu nous auras bien fait rire. Plus que Paul, en tous cas… Vroum vroum.