On l'a vu sur les réseaux sociaux : depuis le début du confinement, les animaux s'en sont donnés à coeur joie. Rorquals à Marseille, sanglier sur la Croisette, à Cannes, et famille de renards au cimetière du Père Lachaise, à Paris. "Les humains cloîtrés chez eux, les animaux reprennent le pouvoir", comme tweete savoureusement Camille Brunel, auteur de La Guérilla des animaux (ed. Alma). C'est un fait, en deux mois de quarantaine, la faune s'est appropriée l'espace laissé vacant. "La tranquillité inhabituelle retrouvée en forêt a donné (aux animaux) envie de se déplacer davantage, voire d'aller dans des endroits fréquentés par l'homme", déclare l'Office nationale des forêts (ONF).
Et avec des millions d'hommes, de femmes et d'enfants qui s'apprêtent à nouveau à se déplacer librement, leur vie pourrait être en danger. "La faune sauvage sera plus sensible au dérangement", poursuit l'organisme, qui rappelle également que cette saison est celle des naissances. "Les visiteurs vont faire irruption dans une nurserie qui a perdu l'habitude des hommes", alerte notamment Pierre-Édouard Guillain, directeur de l'agence Île-de-France Est de l'ONF, auprès de l'AFP. Alors, que faire ?
Pour perturber au minimum ce nouvel équilibre, il faut d'abord faire attention aux attroupements : "Ne pas se cantonner aux emplacements proches des parkings et des entrées forestières" et "garder les animaux de compagnie sous contrôle", conseille l'ONF. Ainsi, les conséquences sur les habitats et les végétaux se feront moindre. Pour la Ligue de protection des oiseaux (LPO), il s'agit d'ailleurs d'"éviter une hécatombe" par "la destruction involontaire d'animaux et de plantes sauvages qui ont investi certains espaces pendant le confinement", prévient à son tour la Ligue de protection des oiseaux.
"La faune sauvage s'est épanouie en l'absence de l'homme", assure son président, Allain Bougrain Dubourg, dans un communiqué. "Elle a occupé de façon inédite des espaces qui lui étaient interdits. Aujourd'hui, la nature ne doit pas perdre ce qu'elle a gagné durant le confinement".
De son côté, la Mairie de Paris a choisi de ne finalement pas déplacer la famille de renards, dont quatre petits renardeaux, qui a élu domicile dans le cimetière du Père Lachaise, repérée fin avril. Pour Amandine Sanvisens, cofondatrice de Paris Animaux Zoopolis, une association qui traite des questions de souffrance animale, il est grand temps qu'on apprenne à vivre ensemble : "Les animaux sont exclus de notre conception des villes", déplore-t-elle auprès de Libération. "Or, tous y sont légitimes, et une cohabitation pacifique est possible. Ce que nous demandons, c'est un partage des territoires entre nous et eux".