Les Français sont-ils les champions de la pause-déjeuner ? Selon une étude Monster parue en 2010 , plus de la moitié des travailleurs français se sont déclarés très attachés à leur pause-déjeuner : 58% d'entre eux affirment ainsi ne pas vouloir en perdre une seule minute.
Une bonne nouvelle, qui fait même figure d'exception : selon cette même étude, 60 % des salariés dans le monde ne s'accordent pas de pause à l'heure du déjeuner. Outre-Atlantique, ce sont 29% des Américains qui se contentent d'avaler en 10 minutes un sandwich devant leur écran d'ordinateur tout en continuant à travailler.
Surcharge de travail, pression managériale, dossiers urgents à traiter... Autant de raisons qui poussent pourtant de plus en plus de salariés à zapper la pause-déjeuner pour continuer à bosser. En France, 12% des travailleurs préfèrent déjeuner à leur bureau pour avancer sur leurs dossiers. 6% ont quant à eux renoncé à faire une pause à midi.
Pourtant, nombreuses sont les études universitaires à pointer les effets néfastes pour la santé de zapper la traditionnelle pause-déjeuner. Parmi les reproches faits au déjeuner express au bureau, la tendance des salariés qui en sont adeptes à grossir plus facilement.
Est-ce parce que leur déjeuner – souvent composé d'un sandwich, d'un bagel ou d'une salade - s'avère moins équilibré qu'un repas pris au restaurant d'entreprise ? Pas nécessairement. D'après une étude britannique relayée à l'automne dernier dans les colonnes du Sunday Times , si déjeuner devant son bureau favorise l'embonpoint, c'est avant tout parce que l'on y mange beaucoup trop rapidement : 5 minutes en moyenne. Or, 20 minutes de déjeuner sont nécessaires pour déjeuner – puis digérer – correctement.
"Nous avons constaté que les participants habitués à déjeuner à leur bureau ont une concentration moins importante de lipoprotéine, une molécule qui permet d'éliminer le cholestérol", expliquait au Sunday Times Ashima Kant, qui a dirigé l'étude.
Déjeuner tout en travaillant ne permet pas de manger dans de bonnes conditions d'attention. C'est le même reproche qui est fait aux dîners devant la télévision : en portant toute leur attention sur leur travail, les salariés n'ont plus vraiment conscience de leur sentiment de faim, ni de rassasiement. Ils ont alors tendance à manger ou trop, ou pas assez et surtout à avoir à nouveau envie de grignoter quelques heures plus tard.
Manger seul désocialise
Nul besoin de chiffres ou d'analyses pour se rendre compte que déjeuner tous les jours en solo devant son bureau porte un coup à sa vie sociale au travail. Tandis que leurs collègues échangent potins de boulot et se racontent respectivement leur soirée ou week-end au self, les adeptes de la pause-déjeuner devant l'ordi se retrouvent nécessairement un peu isolés. L'astuce, pour éviter d'être mis de côté ? S'octroyer de temps en temps un déjeuner entre collègues au bistrot du coin et ne surtout pas bouder les pauses café et autres pots de départ.
Se lever de son siège pour aller déjeuner n'est pas seulement bénéfique pour votre santé (pour rappel, rester assis 8 heures par jour augmenterait de 40% les risques de mourir prématurément), c'est aussi salutaire pour votre patron. Selon une étude parue en février dans le Scandinavian Journal of Medecine, se promener pendant le break de midi aurait une influence positive sur notre motivation et notre productivité pour le reste de la journée.
Alors que les employés qui passent leur pause-déjeuner devant leur écran risquent fort d'être victimes du fameux coup de barre de 14 heures, ceux qui, au contraire, sont sortis à l'extérieur pour profiter du soleil, déjeuner en terrasse ou faire une course rapide verraient donc leur productivité optimisée pour le reste de la journée. Ils seraient aussi plus détendus et enthousiastes. Bref, plus motivés pour faire face à une nouvelle demi-journée de travail.
C'est peut-être l'argument qui vous fera renoncer à apporter votre lunch-box demain : selon une autre étude britannique, les salariés qui ne s'arrêtent pas de travailler pour déjeuner travaillent en moyenne 1 heure de plus par jour que leurs collègues, soit 128 heures par an. Cela équivaut à ... 16 jours de travail offerts à leur employeur puisqu'évidemment, ces heures de travail sont bien souvent non rémunérées.