Quand on parle de lecture, il y a deux écoles. Celle des amoureux des livres et celle des adeptes de la tablette. Nous, après des mois à défendre le toucher d'un vrai roman en jurant qu'on ne nous prendrait jamais le nez dans un e-book, on a du se résoudre à passer du côté obscur de la Force : la librairie sur appli.
La sensation est certes moins savoureuse que sur un ouvrage en papier, mais on ne peut pas nier la praticité du digital, ni l'effet positif que cela a eu sur notre liste de lecture. Se trimbaler une demi tonne de bouquins par jour commençant à faire beaucoup, on avait fini par ne plus rien lire du tout.
Notre sac à main est devenu plus léger, notre bibliothèque virtuelle plus lourde mais le bruit des pages nous manque toujours, l'indépendance digitale aussi. On aimerait pouvoir réellement déconnecter de la technologie de temps en temps, même si elle parvient à produire des innovations indiscutables dans le domaine littéraire.
Ce qui nous inquiète aussi dans cette conversion, c'est l'avenir du livre en lui-même, du support papier. Ces couvertures qui se transmettent de mains en mains depuis des siècles, et qui abritent autant de chefs d'oeuvre que de gros navets.
Si on fait le bilan, on voudrait mettre la main sur un objet magique qui allierait le contenu, le contenant et la légèreté d'une tablette. Et il se pourrait qu'on l'ait trouvé. Au Pays-Bas, plus précisément. La deuxième invention qui justifie un aller direct pour Amsterdam, après les coffee shops : les mini-livres ou dwarsliggers.
Le principe est simple et pourtant on n'y avait pas vraiment pensé jusqu'ici. Réduire le poids et le volume des ouvrages en amincissant les pages et en imprimant en mode paysage, pour qu'ils tiennent dans une seule main. C'est bête et malin, mais ça marche.
Et pour preuve, ces bouquins pullulent depuis 2009 aux Pays-Bas, comme l'explique Stylist, et de nouveaux modèles viennent tout juste d'apparaître en anglais chez Penguin : Nos étoiles contraires et La face cachée de Margo, de John Green.
"Ils offrent une vraie réponse aux lecteurs qui veulent conserver la portabilité à laquelle on est habituée dans notre mode de vie actuel, en y ajoutant le luxe de l'impression que beaucoup préfèrent", explique Julie Strauss-Gabel, éditrice chez Dutton, la filiale jeunes adultes de l'éditeur, à CBC Radio .
Pour l'instant, la tendance n'a pas encore touché la France. Mais on espère que l'on verra bientôt notre littérature en format de (vraie) poche. Ce qui est sûr, c'est que cela pourrait sans aucun doute permettre aux sceptiques du numérique de lire davantage, aux autres de retrouver le plaisir du papier et à la prochaine génération de se réconcilier avec le non-digital.
On imagine aussi la mignonnerie des bibliothèques pour mini-livres, et on se dit que ça pourrait suffire à nous convaincre d'en commander quelques-uns en langue de Shakespeare - à condition d'aimer les histoires pour ados.