Si les personnels de l'Éducation nationale sont (et heureusement) rarement victimes de violences physiques - 0,6% en déclarent en moyenne chaque année -, en ce qui concerne les insultes et autres violences verbales, la situation est tout autre. Selon une étude de l'Insee publiée ce jour, les enseignants, professeurs, conseillers principaux d'éducation (CPE) et directeurs d'établissement seraient davantage exposés à ces incivilités que les employés des autres professions. Sur un an, ce sont en moyenne 12% des personnes de la première catégorie qui seraient concernées, contre 7% pour les autres.
>> L'incivilité au travail gagne du terrain <<
Menée entre 2007 et 2013, l'enquête intitulée « Éducation nationale : des métiers exposés aux menaces et aux insultes » révèle que 23,4% des chefs d'établissement et des CPE, 16,7% des enseignants en collèges et lycées, et 11,6% des professeurs des écoles ont fait l'objet d'insultes dans l'année précédant l'étude. « Menaces et insultes dans l'exercice du métier font proportionnellement près de deux fois plus de victimes parmi les personnels de l'Éducation nationale que parmi l'ensemble des personnes qui occupent un emploi », déplore ainsi l'institut.
Dans le détail, dans le second degré, c'est-à-dire dans les collèges et lycées, ce sont généralement les élèves qui manquent de respect aux adultes. Dans le primaire, à l'inverse, ce sont les parents des écoliers qui se rendent coupables d'un tel comportement. Autre enseignement de cette étude, qu'ils soient hommes ou femmes, les personnels pédagogiques sont également pris à partie. En revanche, l'âge semble être un facteur déterminant. Pour preuve, 14% des professeurs de moins de 30 ans sont victimes d'incivilités, contre 9% de ceux de 50 ans et plus. Une différence qui s'explique, selon l'Insee, par le fait que les enseignants du second degré « démarrent souvent leur carrière en collège dans les établissements où le climat scolaire est plus dégradé et, avec l'ancienneté, exercent dans des établissements moins exposés aux violences ».
Quoi qu'il en soit, alors que l'insulte dans les établissements scolaires semble s'être banalisée – elle conduit en effet rarement à un conseil de discipline -, les syndicats demandent une meilleure prise en compte de ce phénomène. Une exigence légitime d'autant que ces incivilités affectent particulièrement les victimes. En effet, dans l'année ayant suivie un incident, près d'un sondé sur deux (46%) confie avoir subi un dommage psychologique : troubles du sommeil, perte de confiance en soi ou autre.