Deux ans de prison. Voici la peine que la chanteuse Shyma a reçu à l'issue de son audience du tribunal du Caire (Egypte). La jeune artiste égyptienne de 21 ans a tourné un clip pour sa chanson "Andy Zoroof" ("J'ai des problèmes"). Dans cette vidéo réalisée par Mohamed Gamal, Shyma pose de façon sensuelle, un coup avec une pomme, l'autre avec une banane, dans ce qui ressemble à une salle de classe. Après la diffusion du clip sur le net, plusieurs internautes ont porté plainte en se disant "choqués" par le caractère provocant des images.
Arrêtée le 18 novembre, la chanteuse a également été condamnée à payer une amende de 10 000 livres égyptiennes (480 euros), en plus de la prison. Le réalisateur Mohamed Gamal a écopé de la même peine. Tous deux ont la possibilité de faire appel. "La chanteuse Shyma donne une leçon de dépravation aux jeunes", avait dénoncé le journal égyptien Youm7.
Accusée "d'incitation à la débauche", Shyma a posté un message d'excuses sur sa page Facebook. "Je présente mes excuses à tous ceux qui ont été dérangés par le clip et l'ont considéré indécent", avait-elle écrit. Elle était loin de se douter qu'elle ferait " Je n'imaginais pas que mon clip pouvait faire l'objet d'une attaque aussi virulente de la part de tout le monde", a-t-elle ajouté dans son post.
Ce n'est pas la première fois depuis l'arrivée au pouvoir du président Abdel Fattah Al-Sissicoup en 2014 qu'un tel coup est porté contre la liberté d'expression en Égypte, rappelle France 24. En juin 2015, la danseuse égyptienne Reda el-Fouly a été condamnée à un an de prison, car son clip était, lui aussi, jugé trop sexy. L'artiste avait tourné une vidéo pour sa chanson "Sib Idi" ("Laisse ma main") avec le chanteur Wael Elsedeki, dans laquelle elle se présentait en robe courte et décolletée.
La même année, la danseuse Safinaz avait écopé de six mois de prison pour avoir dansé en costume aux couleurs du drapeau de l'Égypte. Depuis mai 2014, une loi permet de punir les citoyens en cas de profanation du drapeau ou de refus de se lever pour chanter l'hymne national. Ces délits sont passibles d'un an d'emprisonnement et d'une amende pouvant aller jusqu'à 3 400 euros (30 000 livres égyptiennes).