Souvent cantonnées au rôle de la victime naïve à la recherche du prince charmant, les héroïnes des premiers dessins animés du célèbre studio Disney offraientune vision très réductrice de la femme. Il faut dire que pour Walt Disney, fondateur et grand patron de l'industrie du rêve jusqu'à sa mort en 1966, les femmes étaient tout simplement bonnes à faire du coloriage. La preuve avec cette lettre qui vient de ressurgir du passé.
Peu après le succès triomphal de "Blanche-Neige et les sept nains" en 1938, une jeune et ambitieuse dessinatrice du nom de Mary V. Ford décide de poser candidature pour mettre ses talents au service du célèbre studio. Mais la direction ne l'entendait apparemment pas de cette oreille et lui a fait un retour pour le moins cinglant :
"Les filles ne travaillent pas du côté créatif et ne préparent pas les dessins animés pour l'écran, puisque cette tâche est réservée aux jeunes hommes. Pour cette raison, les candidatures des filles ne sont pas examinées pour l'école préparatoire".
"La seule tâche réservée aux femmes consiste à tracer les dessins des personnages sur des feuilles de celluloïd avec de l'encre de Chine et à remplir l'espace entre les traits à la peinture de l'autre côté de la feuille en suivant les directions données."
Révélée à la face du monde il y a de ça quelques années déjà, cette lettre avait fait réagir de nombreuses personnalités, à l'image de l'actrice triplement oscarisée Meryl Streep. Venue faire l'éloge de son amie Emma Thompson qui jouait dans le biopic intitulé "Dans l'ombre de Mary" en 2014, l'actrice américaine avait alors déclaré que Walt Disney était "un bigot sexiste qui n'appréciait pas vraiment les femmes".
Une attaque qui n'a pas fait l'unanimité puisque de nombreux médias et observateurs ne se sont pas privés pour souligner le fait que l'actrice se permettait de porter des accusations à l'encontre d'une personne décédée. C'est vrai, ce n'est pas très reluisant mais le courrier ci-dessus non plus. Pour tenter de prendre la défense du défunt producteur, l'un de ses biographes rappelle que cette façon de discriminer les femmes à l'embauche était courant à l'époque. Sans compter que Walt Disney aurait rapidement révisé son point de vue, après avoir constaté par lui-même le talent de certaines de ses collaboratrices.
En 1942, il rectifiait le tir en créditant la toute première femme en tant qu'animatrice dans un long-métrage Disney. Apparue au générique de Bambi, puis de Dumbo et Fantasia, l'ambitieuse Retta Scott Worcester se fera ensuite débaucher par les studios Pixar.