Les mariages précoces forcés ont beau avoir reculé dans le monde depuis une quarantaine d'années, certains pays continuent de contraindre ses filles à épouser un homme qu'elles n'aiment pas, et ce avant qu'elles aient atteint leur majorité.
Parmi ces pays, se trouve la Malaisie, où il n'est pas rare que des violeurs épousent leur victime pour échapper à des poursuites judiciaires.
En août 2016, l'AFP rapportait le cas d'une adolescente de 14 ans mariée de force au Malaisien d'une vingtaine d'années qui l'avait violée. Le tribunal de l'État de Sarawak, sur l'île de Bornéo, a validé l'union entre les deux époux et les poursuites pour viol ont été classées sans suite.
Selon l'ONG Human Rights Watch, le cas de cette Malaisienne forcée de se marier avec l'homme qui a abusé sexuellement d'elle est loin d'être isolé. Nombreux sont ceux qui parviennent ainsi à se soustraire aux accusations criminelles qui pèsent contre eux. Car, explique Human Rights Watch, "bien que dans la loi actuelle les hommes qui épousent leur victime peuvent encore être poursuivis pour viol avant le mariage – ce qui est arrivé dans quelques cas médiatisés – la loi rend plus facile pour le viol d'être balayé sous le tapis pour le mariage".
Et pour cause : en Malaisie, le viol conjugal n'est pas reconnu. Le pays a par ailleurs refusé en avril 2016 de faire interdire le mariage des enfants. Légalement, l'âge minimum du mariage est fixé à 18 ans, "mais la loi est truffée d'exceptions", explique l'ONG. Les filles de 16 ans et plus peuvent se marier avec la permission du ministre en chef de leur État. Pour les musulmans, la loi islamique fixe un âge minimum de 16 ans pour les filles. Mais les permis de mariage peuvent être délivrés encore plus tôt, sans limite d'âge, avec l'autorisation de la cour de la charia de la Malaisie."
Face à l'ampleur du phénomène des mariages précoces, le gouvernement malaisien a admis en mai dernier que plus de 9 000 enfants avaient été mariés avant leurs 18 ans au cours des cinq dernières années. Il a affirmé que le nombre de mariages précoces forcés était en baisse mais n'en a apporté aucune preuve. La Malaisie est d'ailleurs l'un des rares pays d'Asie à ne pas fournir de données annuelles à l'UNICEF et au fonds des Nations Unies pour l'enfance.
En laissant ses filles de moins de 18 ans épouser des hommes qu'elles n'aiment pas, et qui les ont contraintes à des relations sexuelles, la Malaisie les prive d'un avenir qu'elles auront choisi : celui d'étudier et d'avoir une carrière professionnelle. Les mariages forcés ont aussi des conséquences sur la vie privée et la santé des femmes. Les chiffres montrent qu'en se mariant précocement, les jeunes filles sont plus susceptibles d'être victimes de violences de la part de leur partenaire. Elles sont aussi plus exposées au VIH et ont plus de risques de développer un cancer du col de l'utérus.