Rémunérer ses enfants pour qu'ils daignent manger des fruits et légumes, un deal qui peut vite nous revenir cher, surtout si l'on espère leur en faire consommer tous les jours. Pour autant, ce serait une tactique efficace, selon une récente étude publiée dans The Journal of Health Economics ainsi que le rapporte The Wall Street Journal. Cela leur inculquerait de meilleures habitudes alimentaires à long terme, précisent les chercheurs.
Pendant un an et demi, ces experts ont réalisé une étude auprès de 8000 enfants de diverses écoles élémentaires, tâchant de voir si les incitations financières à court terme pouvait avoir un impact durable sur leurs habitudes alimentaires. Au déjeuner, les élèves qui mangeaient au moins une portion de fruits ou de légumes, comme une pomme, des pêches, de l'ananas, de la salade ou une banane, recevaient un jeton de 25 cents (environ 23 centimes) qu'ils pouvaient ensuite dépenser au magasin, au carnaval de l'école ou à la foire du livre. Or, la consommation de fruits et légumes a connu un pic immédiat, comme le déclare Joseph Price, professeur agrégé d'économie à la Brigham Young University et co-auteur de l'étude : "Ces petites incitations ont produit une augmentation spectaculaire de la consommation de fruits et légumes pendant la période d'incitation".
Et cette "carotte" proposée aux enfants engendrerait, d'après les chercheurs, "un changement de comportement alimentaire à long terme". En effet, deux mois après avoir cessé les incitations, ils ont noté que beaucoup plus d'élèves consommaient des fruits et légumes au déjeuner qu'avant la mise en place de cette expérience. Ainsi, dans les écoles où la rétribution de 25 cents avait été proposée aux enfants mangeant au moins une portion de légumes ou de fruits le midi sur une période de trois semaines, ils ont constaté qu'ils étaient 21 % de plus à continuer à en consommer ensuite. Et le résultat a été encore plus spectaculaire dans les écoles où le programme a été instauré durant cinq semaines, doublant presque le nombre d'élèves (44%) en consommant au déjeuner.
Si l'appât du gain a fortement contribué à inciter les enfants à miser davantage sur les fruits et légumes au déjeuner, leur comportement aurait continué à changer une fois l'expérience (et donc la rémunération) terminée pour la simple et bonne raison qu'ils auraient, par ce biais, appris à aimer les fruits et légumes, expliquent les chercheurs.
Selon eux, les parents et les écoles pourraient tout à fait envisager d'autres types de récompenses non-monétaires telles qu'un rab de récré, par exemple. Donc, si vous n'avez pas envie de filer une petite pièce jaune à votre enfant chaque fois qu'il vous fait l'honneur d'avaler ses brocolis, trouvez-donc un deal qui vous convienne à tous les deux et instaurez-le durant deux mois. Qui sait, il commandera bientôt peut-être des haricots verts à la place des frites au restaurant !