"La force de la Californie réside dans sa diversité. Personne ne devrait faire l'objet de discrimination au travail ou à l'école en raison de ses cheveux naturels ou de sa coiffure", écrit sur Twitter Holly Mitchell, sénatrice de Californie, suite à l'adoption du C.R.O.W.N. Act, le mercredi 3 juillet. Pour la première fois dans l'histoire du pays, un état a voté une loi qui autorise le port de la coupe afro, des dreadlocks et des tresses sur le lieu de travail ou à l'école, et interdit par la même occasion "la discrimination raciale fondée sur les cheveux".
"[Ce texte] protège le droit des Californiens noirs à porter leurs cheveux naturels, sans pression pour se conformer à des normes eurocentrées", a déclaré celle qui a rédigé et porté le projet de loi, voté à l'unanimité par les deux chambres californiennes. "Pour nous, c'est un symbole de qui nous sommes. Quand je me faisais des dreadlocks il y a quinze ans, je savais que c'était une déclaration à la fois sociale et politique adressée au monde extérieur".
Le C.R.O.W.N. Act rapporte notamment que les cheveux "restent une cause répandue de discrimination raciale avec des conséquences économiques et sanitaires graves, spécialement pour les individus noirs". Désormais, ils ne pourront plus être une raison de refus d'emploi ou de logement par exemple, à l'instar du genre, de l'origine ethnique, de l'orientation sexuelle ou de la religion. Un pas essentiel contre le racisme qui persiste ardemment dans le monde occidental.
Le texte précise toutefois que les employeur·euses pourront faire appliquer des règles d'hygiène, selon lesquelles une personne devra porter un filet de protection par exemple, à condition qu'il s'agisse d'une consigne appliquée à tout le personnel. Il entrera en vigueur le 1er janvier 2020.
Le gouverneur, Gavin Newsom, a aussi évoqué l'importance de cette loi, explique Le Monde : "Ça se passe sur le lieu de travail, dans les écoles, pas seulement lors de compétitions sportives, chaque jour partout en Amérique, de manière voilée ou flagrante". Il rappelait notamment la fois où, lors d'un combat de lutte dans un lycée du New Jersey, un jeune concurrent avait été contraint de laisser l'arbitre couper ses dreadlocks. On lui refusait sans quoi de participer à la compétition.
Selon le gouverneur, il avait le choix entre "perdre une compétition sportive et perdre son identité". Si le règlement de la discipline demande aux athlètes de se battre les cheveux courts, il propose aussi de porter un casque pour ceux qui auraient les cheveux longs. Mais l'option ne lui avait pas été proposée.
En France, cette discrimination capillaire sévit aussi. Lors de sa nomination au poste de porte-parole de l'Etat par Emmanuel Macron, Sibeth NDiaye avait été victime de nombreuses réactions visant sa coupe afro, que les détracteurs jugeaient "non professionnelle", voire "provocatrice et irrespectueuse". La membre du gouvernement avait quant à elle dénoncé ces critiques racistes en déclarant : "Quand vous êtes une femme et qu'en plus vous êtes noire, vous êtes cumularde".