Le trait de caractère (l'hypersensibilité) est relativement commun puisqu'il touche près d’une personne sur cinq. La chercheuse Elaine N. Aron, qui s’est penchée sur le sujet au début des années 1990, lui a consacré de nombreuses études et plusieurs ouvrages, dont Ces gens qui ont peur d’avoir peur : mieux comprendre l’hypersensibilité (Les Éditions de l’Homme, 2013). Elle est également l’auteur d’un test d’auto-évaluation (en anglais).
Le succès de livres comme La force des discrets de Susan Cain a suscité un regain d’intérêt pour les personnalités introverties, mais Elaine N. Aron remarque que les hypersensibles sont encore considérés comme minoritaires. Ce qui n’est pas un défaut. Bien au contraire, les hypersensibles sont dotés d’une multitude d’atouts. Voici quelques-uns de leurs points communs.
La capacité à ressentir les choses plus vivement que les autres est l’une de leurs caractéristiques principales. Comme l’explique Ted Zeff, auteur de The Hypersensible's Survival Guide, interrogé par Le Huffington Post, "les hypersensibles sont très intuitifs. Ils vont au fond des choses pour tenter de les comprendre".
Les hypersensibles sont plus touchés par ce qui les entoure. Selon Elaine N. Aron, ils ont plus d’empathie et se soucient davantage des problèmes de leurs amis. Ils sont aussi plus à l’écoute des réactions des autres face à quelque chose de négatif.
En fonction des cultures, la sensibilité peut être perçue comme un atout ou un défaut, ajoute Ted Zeff. Au cours de ses recherches, il a remarqué qu’on se moquait rarement, voire jamais, des hommes hypersensibles qu’il avait étudiés dans différents pays — comme la Thaïlande ou l’Inde —, à l’inverse de ce qui se passait en Amérique du Nord. "La culture joue donc un rôle important. Dans certains pays, dire de quelqu’un qu’il est trop sensible est un compliment", souligne-t-il.
Les hypersensibles évitent parfois les sports d’équipe, où chacun est observé en permanence. Ted Zeff a observé que la plupart préféraient les activités physiques individuelles — comme le cyclisme, la course ou la randonnée — aux sports d’équipe. Mais ceux qui avaient grandi dans un environnement sécurisant avaient plus de facilités à pratiquer une activité collective.
Les hypersensibles perçoivent mieux les nuances et les détails, ce qui complique les décisions, ajoute Elaine N. Aron. Même dans les cas où on ne peut pas parler de bon ou de mauvais choix — concernant le parfum d’une glace, par exemple — les hypersensibles mettent plus de temps à se décider parce qu’ils pèsent systématiquement le pour et le contre.
Son conseil ? "Prenez tout le temps que vous pouvez, mais n’hésitez pas à demander un délai supplémentaire si c’est possible", écrivait-elle récemment dans sa newsletter, Comfort Zone. "Pendant ce temps — une minute, une heure, une journée, voire une semaine — faites comme si vous aviez pris votre décision, et observez ce que cela vous fait. Les choses semblent souvent différentes quand on a fait un choix, et cet exercice mental vous donnera l’occasion d’imaginer que vous avez réussi à vous décider." À l’inverse, une fois qu’elle aura fait son choix dans une situation donnée, une personne hypersensible se décidera plus vite à l’avenir.
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Cette sensation désagréable qui vous envahit quand vous vous rendez compte que vous vous êtes trompé ? Elle est amplifiée chez les hypersensibles "parce qu’ils sont plus enclins à laisser parler leurs émotions", explique Elaine N. Aron.
Ils sont les premiers à remarquer la façon dont une pièce est agencée, les nouvelles chaussures que vous portez, ou un changement météorologique.
En fait, environ 30% sont extravertis, poursuit Elaine N. Aron. Elle a constaté que ces derniers avaient grandi dans une communauté très soudée — une petite rue, une petite ville, ou quand l’un de leurs parents était pasteur ou rabbin —, ce qui les avait amenés à être en contact avec un grand nombre de gens.
Parce qu’ils vont au fond des choses, les hypersensibles sont de bons collaborateurs et s’intègrent bien, explique Elaine N. Aron. Mais ils sont peut-être faits davantage pour des postes où ils n’ont pas à trancher. Quand une personne hypersensible fait partie d’une équipe médicale, elle sait analyser les avantages et les inconvénients d’une intervention chirurgicale, mais quelqu’un d’autre devra prendre la décision d’opérer ou non.
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"Si vous avez eu une vie assez dure, surtout quand vous étiez petit, et que vous ne vous sentez pas à l’aise avec les gens, ni en sécurité chez vous ou à l’école, votre système nerveux est en position ‘inquiet’", indique Elaine N. Aron. Pourtant, tous les hypersensibles ne sont pas forcément angoissés. Avoir des gens sur lesquels on peut compter aide à prévenir ce genre de problèmes. Les parents de personnes hypersensibles doivent notamment comprendre "qu’il faut juste savoir prendre leurs enfants comme ils sont, sans les surprotéger ni les abandonner à eux-mêmes. Trouver le bon équilibre quand ils sont petits leur donnera confiance en eux et leur permettra de s’épanouir", ajoute-t-elle.
Difficile, bien sûr, de trouver des gens qui aiment les bruits stressants, mais les hypersensibles sont dans l’ensemble beaucoup plus, euh… sensibles à la cohue et au bruit. Selon Elaine N. Aron, c’est parce qu’ils se laissent déborder plus facilement par leurs sens.
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