« Pourquoi le féminisme est-il si mal vu aujourd'hui ? Je trouve qu'il est normal que je sois payée autant que les hommes. Je trouve qu'il est normal que je prenne les décisions qui concernent mon propre corps. Je trouve qu'il est normal que des femmes soient engagées en mon nom pour défendre des politiques et prendre des décisions qui affectent ma vie. Je trouve qu'il est normal que l'on me démontre socialement le même respect qu'aux hommes. »
Le 21 septembre dernier, Emma Watson, fraîchement nommée ambassadrice pour l'ONU Femmes, faisait un vibrant éloge du féminisme à la tribune des Nations Unies à l'occasion du lancement de la campagne « HeForShe », qui vise à impliquer les hommes dans la lutte pour l'égalité des sexes.
Unanimement acclamé par la presse, le discours d'Emma Watson a pourtant laissé la jeune Maisie Williams de marbre. Pire, il aurait même eu tendance à l'agacer sérieusement. À l'occasion de la diffusion outre-Manche du téléfilm Cyberbully, dans lequel elle tient le rôle principal, l'interprète d'Arya Stark dans la série Game of Thrones a accordé un entretien au Guardian dans lequel elle n'hésite pas à tacler sa compatriote.
Se revendiquant elle aussi féministe, Maisie Williams n'est pour autant pas d'accord avec le « féminisme de pays riches » défendu par Emma Watson. « Il y a des choses absolument effrayantes que les gens disent sur Internet et que je ne devrais pas avoir à lire, mais il y a des choses plus graves qui se passent dans d'autres pays », commence Maisie Williams, avant d'enchaîner : « Beaucoup de sujets abordés par Emma Watson dans son discours ne me dérangent pas. Je sais que les choses sont loin d'être parfaites pour les femmes en Grande-Bretagne comme aux États-Unis, mais il y a des femmes dans le reste du monde qui souffrent tellement plus. »
Si évidemment, il existe des femmes, dans certaines régions du monde, « souffrent tellement plus » que les Occidentales, faut-il pour autant en conclure qu'aujourd'hui, le féminisme n'a pas sa place dans ce que Maisie Williams appelle « les pays riches » ?
Pour la chroniqueuse féminisme Kit Steinkellner, la jeune actrice de 17 ans fait fausse route. Dans un édito publié sur le site HelloGiggles, elle déplore la distinction que Maisie Williams fait entre la lutte pour le respect des droits des femmes en Europe et en Amérique du Nord d'un côté, et celui d'Afrique et du Moyen Orient de l'autre, et qui sous-entend nécessairement qu'un est moins fondamental que l'autre. Selon elle, la lutte contre les inégalités et les violences faites aux femmes, qui s'agisse de viol, de lapidation ou d'excision se doit d'être globale, sans différenciation ni discrimination.
« Comparer la vie des femmes dans les différents pays est une chose difficile, car il y a tellement de considérations culturelles, géographiques et politiques à prendre en compte. La lutte pour les droits des femmes signifie des choses différentes selon la région du monde où l'on vit. Pourtant, nous ne pouvons pas seulement regarder le féminisme avec le microscope de notre vie quotidienne, nous devons aussi utiliser un télescope et reconnaître comment l'inégalité des sexes se manifeste à l'autre bout du globe. Si nous nous soucions de l'égalité entre les sexes, nous ne pouvons pas seulement nous préoccuper de la façon dont la lutte pour l'équité se joue chez nous. Nous devons nous préoccuper de comment les choses se jouent partout.
[…] Donc, nous devons être en mesure de compter nos bénédictions, mais aussi de se battre pour que les choses changent. […] La lutte pour l'égalité est mondiale comme elle est locale. La seule chose importante à retenir est que nous sommes toutes dans le même bateau. »
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