L'année 2020 aura été synonyme de coronavirus et de violences policières, de violences sexistes et sexuelles et d'inégalités sociales exacerbées... Un panorama qui alimente au pire la déprime, au mieux, l'indignation et le désir de révolte - voire de révolution. De quoi appréhender 2021 alors que l'année commence à peine.
Et pourtant, il y a beaucoup à espérer de cette nouvelle histoire qui s'écrit. De nouvelles figures artistiques et politiques émergent ou éclatent sous les flashes. Des voix stimulantes et engagées se font entendre. Féminines, et féministes bien sûr. Aux quatre coins du monde, des femmes dévoilent toute leur singularité et leur puissance. Il suffit pour s'en convaincre d'avoir quelques noms à l'esprit.
Cela tombe bien, on vous a justement sélectionné sept grands espoirs qui n'ont pas fini de faire parler.
Perçue comme l'une des étoiles montantes du parti démocrate, Stacey Abrams est l'une des voix militantes les plus stimulantes du paysage états-unien. Pourquoi ? Car cette avocate soutenue par Barack Obama, diplômée de la prestigieuse université de Yale, lutte pour une meilleure prise en considération des votes des citoyens noirs - voix parfois carrément exclues des listes électorales. Car ses parents, déjà, se battaient pour les droits civiques.
Après avoir largement contribué au succès de Joe Biden en Géorgie lors de la présidentielle en mobilisant l'électorat noir, l'activiste s'était donnée comme objectif de faire triompher le parti démocrate aux élections sénatoriales le 5 janvier 2021. Et ainsi faire cesser la prédominance du camp républicain au sein de l'Etat. Stacey Abrams aspire à une politique plus égalitaire et solidaire. "La plupart des gens entrent en politique parce qu'ils veulent être en politique. Ils apprécient la rigueur de la campagne autant que le travail. Pour moi, le travail, c'est la raison pour laquelle on fait ça. La vraie motivation, c'est comment améliorer la vie des gens", déclare-t-elle à Rolling Stone.
On croit l'activiste afro-américaine. Et on attend beaucoup d'elle cette année.
Le visage de Vanessa Kirby vous dit forcément quelque chose. Vous l'avez déjà vu dans la série à succès The Crown, jeu de trônes où elle incarne Margaret du Royaume-Uni, l'une des soeurs d'Elisabeth II. Mais aussi dans des blockbusters hollywoodiens plus ou moins vénérs comme Mission impossible : Fallout, Jupiter : Le Destin de l'univers et Fast and Furious: Hobbs and Shaw. Bref, la comédienne britannique de 32 ans ne chôme pas.
Et ce n'est pas 2021 qui viendra nous contredire. Couronnée à moult reprises pour son rôle dans The Crown, Vanessa Kirby a également été primée - à la Mostra de Venise notamment - pour sa performance dans l'un des films les plus prometteurs que nous propose Netflix France en ce début d'année : Pieces of a Woman. Dans ce drame du Hongrois Kornél Mundruczó, l'actrice interprète une mère qui doit affronter la perte de son enfant.
Une oeuvre déjà acclamée par la critique.
Cela fait déjà plusieurs années que cette scénariste et cinéaste d'origine chinoise se fait remarquer au gré des sorties et des festivals divers. Et ce, grâce à des drames insolites, comme le western The Rider, ou Les Chansons que mes frères m'ont apprises, récompensé aux Independent Spirit Awards - les Oscars du cinéma indépendant. En 2021, c'est sûr, la réalisatrice risque de faire couler encore plus d'encre avec son dernier film : Nomadland.
Nominée à la prochaine cérémonie des Oscars - où on la voit déjà ressortir gagnante - cette oeuvre dédie à l'excellente comédienne Frances McDormand (Fargo, Three Bilboards) toute la place (centrale) qu'elle mérite. Comme le titre l'indique, ce film narre l'épopée intime d'une sexagénaire devenue nomade suite à la perte de son emploi. On s'impatiente déjà de découvrir cette grande fresque de l'ordinaire.
Dominique Costagliola n'a déjà plus rien à prouver. Grande spécialiste du virus du sida et directrice adjointe de l'institut Pierre-Louis d'épidémiologie et de santé publique (iPLESP), cette épidémiologiste et biostatisticienne française, experte en santé publique et en traitement des épidémies, se consacre à la lutte anti-coronavirus depuis janvier 2020, et cherche notamment à consolider une coordination scientifique à l'international.
Son érudition scientifique indéniable lui a valu une reconnaissance professionnelle certaine : l'Institut national de la santé et de la recherche médicale lui a remis son Grand Prix l'an dernier afin de récompenser "les progrès remarquables dans les domaines de l'épidémiologie" auxquels elle a fortement contribué. En 2021, on la verra s'impliquer d'autant plus face au Covid-19, durant les futures campagnes de vaccination qui s'annoncent.
Du côté de France Inter, elle rappelle en ce sens que le vaccin est "un outil de prévention absolument extraordinaire". Vous risquez bien de la réentendre à ce sujet, cela ne fait aucun doute.
Elle n'a que vingt ans, et son énergie équivaut - au moins - à son militantisme. Plus jeune membre de l'Assemblée législative de la ville de Buenos Aires, où elle a été élue à seulement dix-neuf ans, Ofelia Fernández est l'une des députées argentines à s'être battue bec et ongles pour la législation de l'avortement au sein du pays. Cette grande victoire des luttes féministes, celle d'une reconnaissance qui s'est tant fait attendre, lui est aussi due.
Dès ses années lycée, et bien avant de porter un emblématique foulard vert dans les manifs, la jeune femme engagée luttait déjà pour le respect des droits - ceux des étudiants. Aujourd'hui, c'est à plus grande ampleur que la politicienne et législatrice poursuit son combat pour l'égalité des sexes et des chances.
"Prendre conscience dès son enfance des asymétries de la réalité est une expérience très forte. La révolution des jeunes filles est une vision intergénérationnelle du féminisme. Être féministe, c'est être du côté de l'Histoire", explique-t-elle quand le média international France 24 l'interroge sur ses convictions personnelles.
Et son histoire à elle ne fait que commencer.
Derrière ce nom de doudou, une jeune artiste qui détonne par son style - acidulé - et sa voix - éraillée. L'an dernier, Poupie nous a impressionné, et pas simplement par ses posts Instagram tour à tour fashion, intimes et drôlatiques, salués par plus de 70 000 followers. Non non, c'est avant tout l'éclectisme de la chanteuse lyonnaise - et future star ? - qui a fait toute la différence... notamment quand il s'agit de featuring.
Car osciller entre une collab' avec le prolifique rappeur Jul ("Feux") et un duo en compagnie du mélancolique Ben Mazué (pour l'un de nos albums de l'année), avouez qu'il y a moins insolite comme choix artistiques ! La discographie de l'ex-candidate du télécrochet The Voice surprend mais n'en est pas moins cohérente, donnant le la aux chansons d'amour comme aux punchs badass. Un maître-mot ? La liberté, forcément.
Après son EP fiévreux sorti en novembre dernier, on attend la suite, vite.
Autre voix à écouter illico ? Celle d'Arlo Parks. Chanteuse londonienne influencée par les introspections pleines de spleen du groupe Portishead et du rappeur Frank Ocean, la soul-woman a particulièrement été remarquée en 2020, entre concerts (le fameux "Tiny Desk" de NPR notamment) et shows pour la virale chaîne YouTube COLORS. Classe. Rien de plus normal, tant ses mélodies regorgent d'émotions qui envoûtent, obsèdent et meurtrissent.
Bien des paroles expertes voient d'ailleurs en elle la porte-parole de la "super sad generation", ou "génération super triste" - ça nous parle. 2021 sera un tournant pour cette artiste vénérée par le magazine de mode Vogue, avec la sortie de son premier album à l'intitulé chaotique : Collapsed In Sunbeams ("Eclatée dans les rayons de soleil"). On y trouvera - entre autres choses - un duo avec Clairo, la jeune papesse de la bedroom pop.
Hâte !