"Cela fait partie de mes droits et cela ne peut pas m'être contesté". L'espace d'une tribune publiée sur la plateforme The Players Tribune le 17 janvier, l'ancienne joueuse de l'Olympique lyonnais Sara Björk Gunnarsdottir dénonce : le club de football français ne lui aurait pas versé la totalité de son salaire lors de sa grossesse, et ce durant plusieurs mois, entre avril et novembre 2021.
"Je n'avais aucune raison de penser que les choses ne se passeraient pas bien, jusqu'à ce que je ne reçoive pas mon premier salaire. Tout ce qui avait été déposé n'était qu'un petit pourcentage de ma sécurité sociale", énonce dans ce texte la joueuse, qui officie actuellement à la Juventus. Par la suite, la footballeuse islandaise aurait par l'intermédiaire de son agent régulièrement relancé le club car "il manquait toujours des salaires".
Le délai de réponse émanant du club se serait fait attendre. "Mon agent disait : 'Hé, il manque toujours des salaires'. Mais nous n'obtenions aucune réponse. Le syndicat des joueurs en France s'en est mêlé, puis la FIFPRO - la Fédération internationale des associations de footballeurs professionnels. Les semaines se sont transformées en mois. Toujours pas de salaire complet. Lyon a refusé de donner une réponse claire", développe la sportive.
Le directeur du football de l'OL Vincent Ponsot, lui aurait notamment dit que le club lui verserait deux mois de salaires manquants, mais ne la paierait plus "à partir du troisième mois, car c'est la loi française". La joueuse déplore : "Je ne m'attendais pas à cela de la part d'un club comme celui-ci".
Comme le rappelle Franceinfo, les règlements de la FIFA stipulent que les clubs doivent proposer un congé maternité "d'au moins quatorze semaines, dont huit après la naissance", rémunéré "au minimum les deux tiers du salaire contractuel".
"Pour être honnête, il y avait beaucoup de choses logistiques à gérer, donc je n'y ai pas trop pensé au début. Probablement une erreur d'écriture. Mais, j'ai vérifié avec les autres joueuses juste pour être sûre. Elles avaient été payées, juste à temps. Puis je n'ai pas eu un autre salaire...", relate Sara Björk Gunnarsdottir. Et la sportive d'assurer : "Je veux que Lyon sache que ce n'est pas OK. Ce n'est pas "juste des affaires".
La footballeuse a finalement fait rétablir sa perte de salaire par le Tribunal du football de la FIFA. L'OL a effectivement été condamné sur décision de la chambre de résolution des litiges du tribunal de l'instance à verser environ 82 000 euros à la joueuse en mai 2022. Celle-ci commente : "Le club a été condamné à me payer les salaires impayés - le montant total que j'ai demandé et exactement ce qui m'était dû".
Mais c'est également son traitement par le club lyonnais durant sa grossesse que dénonce encore Sara Björk Gunnarsdottir. "Fondamentalement, le club avait la responsabilité de s'occuper de moi pendant ma grossesse, et ils ne l'ont pas fait. Personne ne me surveillait vraiment, ne me suivait, ne voyait comment j'allais mentalement et physiquement, à la fois en tant qu'employée, mais aussi en tant qu'être humain", écrit-elle.
Aujourd'hui, la milieu de terrain de la Juventus de Turin envisage sa victoire au tribunal "comme une garantie de sécurité financière pour toutes les joueuses qui veulent avoir un enfant durant leur carrière".
Ses propos ont aussi suscité les soutiens des supporters lyonnais : "En tant que supporter lyonnais, je suis dégoûté de la façon dont mon club vous a traité. Personne ne devrait être traité comme ça", "De la part des supporters de l'OL, je m'excuse pour ce qui vous est arrivé, c'est scandaleux, désolé...", "Vous avez tout mon soutien", peut-on lire sur Twitter.
La très engagée championne américaine Megan Rapinoe a elle aussi réagi sur Twitter : "C'est honteux de la part de l'Olympique Lyonnais. Vous aimez dire à quel point vous soutenez les femmes, mais les calculs ne sont pas bons. Je vous implore d'être le club qui soutient TOUJOURS les femmes, et non le club qui le faisait autrefois."
L'espace d'un communiqué, l'OL a répondu à ces attaques : "Nous avons toujours respecté la loi française que nous avons parfois trouvé trop contraignante sur ces sujets. La FIFA a choisi de poser pour la première fois un cadre juridique pour les joueuses étant amenées à vivre une maternité durant leur carrière, ce dont nous nous réjouissons. La FIFA nous reproche de ne pas avoir proposé un autre travail à Sara Björk Gunnarsdóttir durant son arrêt maladie puis son congé maternité, alors qu'en parallèle, la loi nous l'interdit en France et que la joueuse nous avait demandé de pouvoir retourner vivre en Islande, ce que nous avions accepté".
"Nous sommes fiers d'avoir compté Sara Björk Gunnarsdóttir dans l'effectif de l'OL. Nous avons tout mis en oeuvre pour l'accompagner dans sa maternité. À sa demande, nous avons accepté qu'elle réalise son congé maternité en Islande, son pays d'origine. Lorsqu'elle est revenue en France, après la naissance de son fils, nous avons tout fait pour favoriser son retour au plus haut niveau dans des conditions lui permettant de vivre aux mieux sa nouvelle vie de mère, ainsi que son retour à la compétition", achève le communiqué.