Société
Pourquoi la Ballon d'Or Ada Hegerberg refuse de jouer la Coupe du monde féminine
Publié le 3 juin 2019 à 12:53
Par Pauline Machado | Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Récompensée du premier Ballon d'Or féminin en décembre dernier, la Norvégienne Ada Hegerberg ne sera cependant pas présente lors de la Coupe du monde féminine 2019. La raison ? Elle boycotte la compétition pour dénoncer les inégalités hommes-femmes dans le football.
Ada Hegerberg boycotte le Mondial pour dénoncer les inégalités hommes-femmes Ada Hegerberg boycotte le Mondial pour dénoncer les inégalités hommes-femmes© BestImage
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C'est officiel, Ada Hegerberg ne jouera pas aux côtés de la sélection norvégienne lors de la Coupe du monde de football féminin, qui se déroulera en France du 7 juin au 7 juillet. Âgée de 23 ans, l'une des meilleures joueuses mondiales, attaquante de l'Olympique Lyonnais et première titulaire du Ballon d'Or, a décidé de boycotter la compétition pour dénoncer les inégalités hommes-femmes qui sévissent dans la discipline.

"Ada Hegerberg n'est pas blessée, et son pays n'a pas manqué de se qualifier", souligne le Wall Street Journal. "Elle s'en tient à la décision qu'elle a prise il y a deux ans de quitter son équipe [nationale], car elle est déçue depuis trop longtemps par les dirigeants du football norvégien". En 2017, la championne avait déjà tourné le dos au maillot de la Norvège, pour protester contre les écarts de rémunération entre ses coéquipières et leurs homologues masculins.

Si la fédération locale avait réagi dans la foulée en alignant les salaires des joueurs et des joueuses, la buteuse pointe cependant d'autres injustices liées au genre dans le foot. "La base de la base, c'est dans les attitudes, le respect pour les filles qui jouent au foot", expliquait-elle au Parisien. "Si cette base de respect existe, il y aura plus de moyens, d'installations, d'investissements. Tout est lié. Il y a une évolution et c'est tant mieux."

Elle déplore toutefois qu'il y ait "encore beaucoup trop de beaux discours. Certains jours, je suis à bout et je me demande ce qu'il faut faire pour changer les choses. Rien n'avance assez vite. Heureusement, la plupart du temps, je suis positive et engagée à fond."

Nadine Kessler, représentante du football féminin à l'UEFA, avoue à Refinery29 admirer son engagement : "Rater une Coupe du monde en toute conscience est un choix très courageux. Je pense que la décision d'Ada doit être respectée."

D'autres équipes ont fait connaître leur colère

La Norvégienne est peut-être la première à boycotter ouvertement le Mondial, mais elle n'est pas la seule à avoir manifesté son ras-le-bol du sexisme permanent subi dans le football.

En octobre 2017, l'équipe du Danemark avait annulé une rencontre face à la Suède (qui a par ailleurs affiché ses valeurs féministes sur ses maillots) pour cause de grève. D'après L'Equipe, les joueuses voulaient ainsi faire pression sur la fédération danoise (DBU) concernant les différences de salaire avec leurs compatriotes masculins. Elles auront obtenu un accord temporaire.

Aux Etats-Unis, même combat : les footballeuses ne gagnent qu'en moyenne 40 % du salaire des footballeurs. Le 8 mars dernier, Journée Internationale de lutte pour les droits des femmes, 28 coéquipières attaquaient la fédération américaine en justice pour tenter d'éradiquer ces inégalités.

Comme le rappelle Slate, l'équipe féminine américaine est première au classement FIFA et championne du monde en titre, quand les hommes ne sont que 25e et n'ont pas réussi non plus à se qualifier en 2018 pour le Mondial en Russie.

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