« Je suis horrifié par ce qui est arrivé » a déclaré le grand rabbin de France Gilles Bernheim dès l’annonce de la fusillade de l’école Ozar-Hatorah qui a fait quatre morts lundi matin à Toulouse. « La communauté juive est effondrée », a renchéri le président du Consistoire central israélite Joël Mergui, parlant d’un « drame absolu ». Si le pays tout entier est frappé par la stupeur, la communauté juive de France, la plus nombreuse d’Europe occidentale, est en état de choc. Il s’agit de la pire fusillade perpétrée en France en trente ans à l’encontre de la communauté juive, qui compte entre 530.000 et 550.000 personnes attachées au judaïsme selon les institutions juives, depuis l’attentat de la rue des Rosiers du 9 août 1982 visant le restaurant Goldenberg, qui avait fait six morts et 22 blessés.
Recueillement et solidarité dans la douleur. À Toulouse, près d'un millier de personnes se sont rassemblées lundi après-midi dans une synagogue du centre-ville en présence du grand rabbin de France et de l’ambassadeur d’Israël en France. « Je suis venue car je préfère être là avec les gens qu’être seule chez moi à pleurer », explique Nicole Mestas, une quadragénaire professeure d’arts plastiques. À Paris, plus de mille fidèles se sont réunis en début de soirée à la synagogue Nazareth dans le centre-ville, en présence de Nicolas Sarkozy et de François Hollande. D’après la police, plusieurs milliers de personnes étaient regroupées à l’extérieur, faute de pouvoir pénétrer dans le bâtiment. L’office, composé de lecture de psaumes évoquant « la gloire de Dieu, la paix, la sérénité » lorsqu’il y a un décès, comme l’explique une porte-parole du Consistoire, devait être suivi par une marche silencieuse à l’appel de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF).
Si le ministre de l’Intérieur Claude Guéant a indiqué avoir donné des instructions à tous les préfets de France pour que les écoles juives soient protégées par la police ou la gendarmerie, des parents, élèves et enseignants de plusieurs écoles à Paris ont exprimé leur colère, jugeant que ces établissements n'étaient pas assez protégés. « Je ne sais pas si on est en sécurité », reconnaît Haya, une jeune femme de 22 ans enseignant la religion à l’école Beth Haya Mouchka, située dans le 19e arrondissement de Paris. Sarah, une mère de famille dont les trois enfants sont scolarisés dans une autre école juive du quartier n’est pas rassurée par la présence de deux agents de police qui expliquent être présents chaque jour à la sortie des classes. « Plein de fois, des enfants ont été agressés, on n'a pas l'impression que la police est là pour assurer la sécurité », affirme-t-elle. « Cela va malheureusement renforcer l'obligation de ne pas se montrer, de cacher notre identité » religieuse, déplore-t-elle.
Élodie Vergelati
(Avec AFP)
Crédit photo : AFP
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