N'en déplaise aux haters, l'intégrité de Greta Thunberg n'a d'égale que son engagement. Voyez plutôt : la jeune militante écologiste s'est récemment vue couronnée par le prestigieux prix environnemental du Conseil nordique de Stockholm. Le symbole idéal pour saluer ses luttes. Mais l'intéressée a décidé de refuser cette gratification. Et, le temps d'une escale californienne, elle explique pourquoi, sur son compte Instagram : "C'est un immense honneur. Mais le mouvement pour le climat n'a pas besoin de plus de récompenses".
A la lire, ces reconnaissances bien intentionnées n'ont rien d'une priorité. Non, "ce dont nous avons besoin", écrit-elle, "c'est que les politiciens et les membres du pouvoir" se décident enfin "à agir en accord avec la science". Et s'alarment quant à leurs fâcheuses inactions. Pour la militante, il est ainsi curieux de voir les pays nordiques jouir d'une grande réputation mondiale en matière de climat et d'environnement à l'heure où le gouvernement norvégien vient pourtant d'octroyer "un nombre record de permis de recherche de nouveaux gisements de pétrole et de gaz". De quoi générer de considérables émissions de CO2.
Peu importent les prix et autres récompenses pour Greta Thunberg, puisque l'heure n'est pas vraiment à la célébration. Sur Instagram, elle cingle encore : "Nous appartenons aux pays qui ont la possibilité de faire le plus et pourtant, fondamentalement, nos pays ne font toujours rien". Une vérité qui dérange...
C'est toute une hypocrisie politicienne que tacle la figure de proue du mouvement Youth for Climate : celle des gouvernements qui "ne manquent pas de belles paroles" à propos de leur prétendue écoresponsabilité, mais dont la réputation "green" s'effrite volontiers lorsqu'elle se confronte à la réalité.
"En Suède, nous vivons comme si nous avions environ 4 planètes. Et c'est à peu près la même chose pour toute la région nordique", déplore-t-elle en ce sens, évoquant entre autres choses l'empreinte écologique par habitant de son pays natal - catastrophique. Hélas, constate-t-elle encore, malgré les manifestations et les discours, "il n'y a toujours aucun signe de changement".
Et les "belles paroles" en question, c'est un peu tout ce que Greta Thunberg exècre. La jeune activiste de 16 ans veut des actes. Mais détracteurs comme dirigeants semblent avoir du mal à le comprendre, considérant volontiers son combat comme un simple "caprice" de jeune fille. Pourtant, "peu d'adolescents seraient choisis pour recevoir un prix national de l'environnement, et encore moins choisiraient courageusement de décliner le prix en fonction de leurs valeurs", constate à juste titre le site Stylist, qui perçoit même à travers le discours de la militante une réflexion acerbe sur les limites du "slacktivisme", cette pratique consistant à soutenir une cause politique ou sociale par le biais des réseaux sociaux et des pétitions en ligne.
En tirant la sonnette d'alarme, Thunberg suggère que les mots, même empreints de convictions intimes et sincères, sont finalement des protestations bien passives face à notre capacité à agir concrètement. Et une récompense ne peut pas grand-chose contre l'urgence climatique. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que Greta Thunberg s'exprime sur les gratifications qui sacrent sa lutte.
En septembre dernier, après avoir reçu le prix de la Right Livelihood Foundation (aussi appelé "le Prix Nobel alternatif"), elle expliquait posément à la Fondation : "A chaque fois que je reçois un prix, la distinction ne récompense pas ma personne propre. Je représente un mouvement mondial d'écoliers, de jeunes et d'adultes qui ont pris la décision d'agir pour la protection de notre planète". Comme un lointain clin d'oeil à tous ceux qui, avant tout obsédés par sa personnalité, en oublient la cause qu'elle défend.