Sa bouille poupine et ses tresses sont déjà iconiques. A 16 ans à peine, la Suédoise Greta Thunberg est en train de bousculer la planète. En quelques mois, la militante lutine est parvenue à faire descendre dans la rue un million de jeunes à travers 125 pays du monde. Des activistes en herbe qui ont répondu à son appel implacable : "Pourquoi devrais-je étudier pour un avenir qui pourrait bientôt ne plus exister, alors que personne ne fait rien pour sauver cet avenir ?"
Ainsi, chaque vendredi, la jeunesse fait la "grève du climat" pour alerter contre le réchauffement climatique et dénoncer l'inertie criminelle des gouvernements. Le discours de la jeune Scandinave rencontre un tel impact que son nom vient même d'être proposé pour le futur prix Nobel de la Paix.
Mais comment cette ado timide a-t-elle réussi à inspirer et fédérer toute une génération autour de la cause climatique ? L'une des clés serait à aller chercher du côté de sa "différence". Car Greta Thunberg est atteinte du syndrome d'Asperger, un trouble du développement qui fait partie de l'extrémité "haute" du continuum autistique et que l'association Autisme France appelle à ne pas confondre avec une maladie mentale d'origine psychologique.
"Les principales perturbations des sujets atteints touchent la vie sociale, la compréhension et la communication. Ces troubles sont la conséquence d'une anomalie de fonctionnement des centres cérébraux dont la fonction est de rassembler les informations de l'environnement, de les décoder et de réagir de façon adaptée", explique l'association.
Soupçonnée un temps d'être la "marionnette verte" d'une entreprise de relations publiques, Laika Consulting, la militante en herbe s'était défendue et avait répondu aux attaques dans un message Facebook. Dans cette tribune, Greta y évoquait son isolement, qui serait à l'origine de son engagement.
"Certaines personnes se moquent de moi à cause de ma différence. Mais Asperger n'est pas une maladie, c'est un don. Les gens disent aussi que, parce que j'ai Asperger, je n'aurais pas pu décider seule de me mettre dans cette position. Mais c'est exactement pour cette raison que je l'ai fait. Parce que, si j'avais été 'normale' et sociable, j'aurais intégré une association, ou j'en aurais fondé une moi-même. Mais comme je ne suis pas très sociable, j'ai fait la grève de l'école à la place", écrivait-elle.
Diagnostiquée à l'âge de 11 ans, Greta Thunberg ne cache pas sa maladie, bien au contraire. Elle s'en fait la porte-parole. A l'occasion de la Journée mondiale de sensibilisation à l'autisme le 2 avril, elle a posté un message d'espoir sur son compte Instagram et incite à changer de regard sur les personnes atteintes de ce trouble.
"Aujourd'hui, c'est la journée de sensibilisation à l'autisme. Je suis fière de faire partie du spectre ! Et non, l'autisme n'est pas un 'don'. Pour la plupart, c'est une lutte sans fin contre les écoles, les lieux de travail, les harceleurs. Mais avec de bonnes circonstances, avec les bons ajustements, cela peut être un super-pouvoir. J'ai eu ma dose de dépression, d'aliénation, d'anxiété et de troubles de l'adaptation. Mais sans mon diagnostic, je n'aurais jamais commencé à faire grève de l'école pour le climat. Parce qu'alors, j'aurais été comme tout le monde. Nos sociétés ont besoin de changer et nous avons besoin de personnes qui pensent différemment, de prendre soin les uns des autres. Et d'embrasser nos différences."
Un joli message de tolérance pour sensibiliser le grand public à ce trouble qui touche 650 000 personnes en France.