Malgré la résistance d'une bonne partie de la population et l'indignation des défenseurs des droits humains, le Parlement indonésien a finalement approuvé ce 6 décembre une loi particulièrement répressive. Effectivement, le sexe hors mariage et le concubinage seront désormais considérés comme illégaux selon la loi du pays après une réforme spécifique du Code Pénal. La majorité des députés ont validé cet texte.
Tromper son conjoint ou sa conjointe pourrait rendre le ou la coupable d'adultère passible d'un an de prison. Mais ce n'est pas tout. Comme le relève FranceInfo, la cohabitation des couples non-mariés pourra également se voir soumise à un jugement cinglant : six mois de prison. Précisons cependant que ce texte qui semble des plus punitifs doit encore être signé par le président du Parlement indonésien et entrerait en vigueur dans trois ans.
"Nous avons fait de notre mieux pour tenir compte des questions importantes et des différentes opinions qui ont été débattues. Cependant, il est temps pour nous de prendre une décision historique sur l'amendement du Code pénal, et de laisser derrière nous le Code pénal colonial dont nous avons hérité lors de l'indépendance du pays en 1949", a déclaré face au Parlement le ministre de la Justice, Yasonna Laoly.
Un discours qui n'a pas convaincu tout le monde, loin de là. Tel que le note l'AFP, la réforme a notamment été critiquée par les organisations luttant pour le respect des droits humains. Directeur d'Amnesty International en Indonésie, Usman Hamid a ainsi déclaré : "L'adoption du projet de loi sur le Code pénal constitue clairement un recul dans la protection des droits civils, notamment sur la liberté d'expression et la liberté de la presse". Plus encore, Hamid voit là l'un des signes "que la démocratie est indiscutablement en déclin".
On peut également y percevoir une forme de régression. Comme le souligne France 24, les défenseurs des droits humains redoutent par la concrétisation de cette loi "un glissement vers le fondamentalisme dans le pays à majorité musulmane le plus peuplé du monde", dans une nation "longtemps saluée pour sa tolérance religieuse".
Cette appréhension ne date pas d'hier puisqu'en 2019 déjà, des dizaines de milliers de manifestants s'étaient mobilisés au sein du pays contre un projet de loi similaire. Ils étaient finalement parvenus à faire reculer le gouvernement indonésien. Les dernières actualités font donc office de regrettable revers.