Huile, farine, viande, pâtes... Depuis plusieurs mois, les produits du quotidien subissent une hausse des prix due à l'inflation. Mais cette augmentation ne s'arrête pas au secteur de l'alimentation. Le prix des vêtements semble lui aussi s'envoler. Et particulièrement les produits dits "féminins", selon l'étude Suisse publiée par le média NZZ am Sonntag en collaboration avec le comparateur en ligne Comparis. Rebaptisé "Pinkflation", ce phénomène sexiste vient impacter davantage le budget des femmes : "Le prix des vêtements pour femmes avait augmenté de 6,5% depuis 2000, contre seulement 0,3% pour les hommes", établit l'étude.
Il y a-t-il une raison valable à cette hausse des prix ciblée ? "Les clientes semblent réagir de manière moins élastique aux augmentations de prix des articles de mode. En d'autres termes, elles font aussi du shopping lorsque les prix des vêtements s'envolent", rapportent les auteurs du rapport. La stratégie des marques s'appuie donc sur un simple préjugé sexiste, selon lequel les femmes seraient plus dépensières.
Pour Michael Kuhn, expert des questions de consommation chez Comparis, interrogé par NZZ am Sonntag, il n'y aurait aucune raison valable pour expliquer cette hausse des prix de la mode féminine, si ce n'est que "les marges de l'habillement féminin auraient augmenté".
De nombreuses associations dénoncent depuis longtemps un marketing genré qui a des conséquences sur les prix. C'est le phénomène de la "taxe rose". Les produits marketés pour le public féminin, dont le packaging ou la campagne de communication vont être plus travaillés, sont plus chers, inflation ou pas. Et ce même lorsqu'ils existent en version "homme", comme les rasoirs, qui ont souvent été cités en exemple.
"En Europe, on estime qu'il y a entre 7 et 15 % de prix en plus pour les produits destinés aux femmes que les produits destinés aux hommes. Ce que nous craignons avec cette inflation, c'est que, au vu de son accentuation sur les produits pour femmes, à la fin, ça creuse encore et encore les inégalités entre les femmes et les hommes", s'inquiète Auriane Dumesnil, co-fondatrice de l'association Pépite Sexiste, auprès du Parisien.
De plus, cet écart de prix impacte un public déjà précaire, puisque pour rappel, les femmes touchent un salaire inférieur, en moyenne, de 22 % par rapport à celui des hommes...