Instagram ne se cache même plus. Le réseau social américain avait déjà supprimé début mars la photo d'une mannequin grosse faisant la promotion des produits de la marque Petit patron l'assimilant à de la pornographie. Une décision qui avait extrêmement choqué sa fondatrice.
Aujourd'hui, des militantes anti-grossophobie se sont aperçues en faisant des recherches avec le hashtag #grosse que le réseau social bloquait tout simplement les résultats.
Une première alerte avait été émise par le compte Stop Grossophobie le 10 mars : "Oui oui, Instagram est #grossophobe et non, ça ne s'est pas affiché sur d'autres mots-clés. Quand on explique que la grossophobie est ancrée dans la société et systémique, on nous dit qu'on n'a pas d'humour et voit le mal partout et qu'on se pose en victime. Les mêmes arguments merdiques sont sortis aux féministes, aux personnes racisées, aux LGBTQ+ ou toutes autres personnes subissant des oppressions."
Une autre alerte a été postée lundi 25 mars par la militante et journaliste L'Utoptimiste qui relaie une image transmise par une autre militante anti-grossophobie sur son compte personnel Amazing Graisse.
Vous pouvez vous-même faire le test et chercher le hashtag #grosse sur la plateforme. On vous renverra un message d'alerte avec ce texte : "Besoin d'aide ? Les publications contenant les mots ou les tags que vous recherchez encouragent souvent un comportement pouvant nuire ou conduire au décès. Si vous traversez des moments difficiles, nous sommes là pour vous aider."
S'en suit alors un enchaînement hallucinant de messages condescendants. S'offre à vous plusieurs options : vous pouvez cliquer sur un bouton "obtenir de l'aide" ou voir quand même les publications. En cliquant sur cette deuxième option, vous pourrez accéder à seulement certaines publications "populaires".
Si vous cherchez un contenu récent, un autre message d'alerte est affiché : "Nous avons masqué les publications comportant le hashtag #grosse pour protéger notre communauté, en raison de contenus encourageant un comportement dangereux."
Vous avez alors le choix d'"en savoir plus". Si vous cliquez, vous tomberez sur une page d'aide : "Si vous traversez des moments difficiles et voulez de l'aide, nous sommes là."
Vous avez alors le choix de "Discutez avec une amie" ou "Discutez avec un volontaire au numéro d'assistance : appelez un volontaire formé qui saura vous écouter et vous soutenir, ou envoyez-lui un texto". Cette dernière option vous permettant d'appeler ... SOS amitié.
La dernière et troisième option vous propose d'obtenir "conseil et assistance : voici quelques suggestions pour vous remonter le moral".
Cette censure d'Instagram met hors d'elles les militantes anti-grossophobie, dont L'Utoptimiste qui nous explique : "Certain·es disent que les messages d'Insta sont destinés aux comptes pro-anorexie, qui utilisent le hashtag #grosse, mais dans un cas comme dans l'autre... Cela n'aide personne d'invisibiliser et d'isoler sauf la pseudo conscience d'Instagram."
Depuis lundi matin (25 mars), ce signalement a fait réagir de nombreuses personnes dont l'autrice du livre "On ne naît pas grosse" Gabrielle Deydier.
Instagram, qui semble être un espace de liberté à première vue, où de très nombreux comptes féministes fleurissent, est pourtant un censeur de premier ordre. Régulièrement, des comptes qui font pourtant de l'éducation sexuelle, comme Jouissance Club, sont suspendus pour leurs visuels qui n'ont pourtant rien de graveleux.