Société
Isabella Barrett : qui est l'entrepreneuse multimillionnaire de 9 ans ?
Publié le 26 mai 2016 à 14:56
Par Hélène Musca | Rédacteur
9 ans, des boucles blondes, de grands yeux bleus ... et plusieurs millions sur son compte en banque. Voilà comment on pourrait résumer l'ex mini-miss Isabella Barrett, qui a fait fortune en lançant ses lignes de bijoux et de vêtements. Retour sur une success story au goût amer.
Isabella Barrett : une success story au goût amer Isabella Barrett : une success story au goût amer© Facebook, https://www.facebook.com/officiallyisabella/photos/?tab=album&album_id=252632771444432
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Lorsqu'on parle du destin d'Isabella Barrett, on pourrait presque finir par croire à la magie desconcours de miss, aux strass et aux grimaces figées qui font office de sourires à des gamines de 5 ans engluées dans leur fond de teint : parce qu'à tout juste 9 ans, la mini-miss a d'ores et déjà arrêté de collectionner les tiares et les trophées pour empiler les millions.

Isabella Barrett, l'ex-star de 6 ans des concours de mini-miss

Isabella Barrett s'est fait connaître en participant à Toddlers and Tiaras (Des bambins et des tiares), une émission de télé-réalité diffusée sur TLC suivant le quotidien des mini-miss, ces fillettes grimées en femmes fatales qui fascinent les Etats-Unis. A l'époque déjà, elle avait un style bien à elle : une longue crinière blonde soigneusement bouclée, d'immenses yeux bleus, une démarche agressive, un déhanché provoquant... et un dentier pour vieillir son visage. En un mot, Isabella est la Barbie parfaite, en taille réduite. Elle finit par quitter Toddlers and Tiaras en 2012, non sans avoir au préalable traité Paisley Dickey, une concurrente, de "pute" à cause d'un costume inspiré par le film Pretty Woman. Elle avait 6 ans, et aimait déjà soigner ses sorties. Show must go on, après tout.

© Youtube

"Faire le show" semble d'ailleurs être ce qu'elle fait de mieux. Pour Konbini, "On ne sait d'ailleurs plus très bien si c'est une petite fille ou une actrice de la série Côte Ouest compressée en fillette". Après avoir quitté l'émission, elle va de plateau télé en plateau télé, son sourire de mini-miss systématiquement scotché aux lèvres. Habillée comme une princesse, elle hoche la tête aux explications de Susanna, sa maman-manager à la main de fer, qui vend sa fille mieux que n'importe quel maquignon. Dans une interview télévisée pour HLN , cette dernière assène des "nous en avions assez...nous étions ... nous voudrions" pour parler des projets de sa fille, pendant que cette dernière bat des cils et minaude. Le malaise est palpable, mais peu importe : la machine est lancée.

Multimillionnaire à 9 ans : le succès de la "business baby"

En 2013, l'intrépide Barrett lance Glitzy Girl, une ligne de bijoux et de maquillage qui rencontre un succès phénoménal grâce à la notoriété acquise durant son passage chez Toddlers and Tiaras: elle devient millionnaire à six ans. Elle lance ensuite une marque de vêtements, Bound by the Crown Couture, et enregistre deux chansons, intitulées LOL et I'm Just a Kid. A l'âge de neuf ans, elle est multimillionnaire. Elle confie au Daily Mail qu'elle est "très occupée", mais heureuse de son succès précoce : "Ma ligne de vêtements est un vrai succès. On la voit dans beaucoup de défilés. Récemment, mes vêtements étaient à la Fashion Week de New York. C'était hyper bien parce que je défilais sur le podium, toutes les lumières étaient sur moi et j'étais tellement belle !".

Désormais, elle vit comme une vraie fashionista, n'en déplaise aux critiques : "Elle a développé un goût pour les hôtels cinq étoiles et aime être servie. Une fois, elle a commandé pour 2200 dollars (1700 euros) de nourriture [...]. Elle prend le plus cher, comme le filet mignon et le homard. Je sais que ça paraît exagéré mais pour nous, c'est juste drôle et ça fait partie de sa personnalité", a déclaré Susanna, attendrie par les caprices de sa petite prodige de fille. Pas peu fière de faire de se comporter en diva, la mini-miss ajoute : "Je suis une superstar. J'ai ma propre ligne de bijoux et j'adore être le patron. Je ne perds jamais aucun concours auquel je participe. Mais ce que j'aime plus que tout, ce sont les chaussures. J'ai plus de 60 paires".

L'égérie des déviance d'une société obsédée par l'image

Face à ce genre de déclarations, on hésite entre le rire et l'effroi. Si l'on penche vers le rire, il sera jaune : car Isabella Barrett n'est pas un cas à part, un ovni qui pourrait nous amuser par son côté inédit. Si elle a autant réussi, c'est parce qu'elle est l'icône d'une jeunesse américaine perdue dans les balbutiements d'une réalité pailletée et déformée. Elle incarne un idéal de réussite pour les petites filles qui rêvent de gloire, de robes de princesses, et grandissent dans une société obsédée par son image, où le selfie est devenu l'emblème de l'égocentrisme.

Elles sont des milliers à vouloir lui ressembler. Et c'est peut-être pour ça que la success-story d'Isabella Barrett dérange autant. Ce n'est pas seulement parce qu'elle s'appuie sur l'univers pervers des concours de mini-miss, dont les dangers sont désormais bien connus, entre les parents despotiques qui vivent par procuration et les fillettes dont l'enfance –et l'innocence- sont sacrifiées sur l'autel de la gloire éphémère. C'est aussi parce que son succès n'a été rendu possible que grâce à ce qu'il y a de plus malsain dans notre société. Et Isabella est la personnification de tous ses excès : la mise en scène de soi-même au quotidien, le narcissisme, l'hypersexualisation systématique pour gagner quelques likes, la nécessité d'être vu et regardé pour exister... Qui aurait cru que les plus jolies princesses pourraient nous faire cauchemarder ?

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