Portraits
Isabelle Joschke : "La course au large est un métier mixte"
Publié le 8 juin 2014 à 10:00
Par Marie-Laure Makouke
À 37 ans, Isabelle Joschke sera ce dimanche l’une des deux seules femmes à prendre le départ de la 45e édition de la Solitaire du Figaro. Une cinquième participation à la saveur particulière. En prenant le large aux côtés de 36 hommes sous les couleurs de Generali, la navigatrice entend promouvoir la mixité dans tous les domaines de la société, et notamment dans la voile.
Isabelle Joschke : "La course au large est un métier mixte" Isabelle Joschke : "La course au large est un métier mixte"© Thierry Martinez / Generali
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Rien ne prédestinait Isabelle Joschke à passer le plus clair de son temps sur l'eau. Et pourtant, à 37 ans, cette franco-allemande née à Munich prend ce dimanche le départ de la 45e édition de la Solitaire du Figaro – Éric Bompart, une course de voile sans assistance et par étapes, reliant Deauville à Cherbourg- Octeville.

« J'ai découvert le temps breton, la houle, le crachin et j'en suis tombée amoureuse »

De père allemand ingénieur informaticien, de mère française professeur d'allemand, Isabelle Joschke, grandit entre la région parisienne et Genève et apprend à naviguer sur des lacs d'eau douce. Au terme de sa scolarité, elle s'oriente d'abord vers des études de Lettres. « Je n'avais pas de métier précis en tête en suivant cette filière, mais il m'a semblé que c'était une voie très ouverte offrant de multiples possibilités ». Pendant ses études, elle décide de suivre un stage de voile à la célèbre école des Glénans de Concarneau (Finistère). « Ça m'a pris du jour au lendemain », raconte-elle aujourd'hui. « J'ai fait un stage, puis deux. J'ai découvert le temps breton, la houle, le crachin et j'en suis tombée amoureuse ».

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Pendant ces différents stages, la jeune femme fait des rencontres qui la confortent dans son ambition de devenir marin et entame un apprentissage pour devenir skipper et chef de bord. Son diplôme en poche, de nouvelles rencontres bouleversent une nouvelle fois son destin. « J'ai fait la connaissance des participants d'une mini-transat. L'aventure qu'ils vivaient m'a parue incroyable. J'ai commencé à envisager de la tenter moi-aussi ». Après une année de mûre réflexion, la navigatrice en herbe se lance finalement sur le circuit mini (monocoque de 6,50 m) en 2005. Une première expérience qui ne sera pas de tout repos en raison d'une avarie sur son bateau. Loin de se décourager, elle retente l'expérience deux ans plus tard et, cette fois, remporte la première étape de la course. Mais le vrai tournant de sa carrière reste sans conteste son passage dans la classe Figaro Bénéteau. En 2008, elle prend en effet pour la première fois le départ de La Solitaire ; course dans laquelle elle brille particulièrement. En 2011, elle a notamment terminé à la 19e place sur 47, réalisant ainsi son meilleur résultat.

« Je suis ravie de reprendre le large pour un projet qui a du sens »

Après une année d'absence faute de sponsor, Isabelle Joschke est de retour, au départ de sa cinquième Solitaire du Figaro. Sous les couleurs de Generali, elle affiche pour cette nouvelle édition une ambition particulière : promouvoir, par sa participation, la mixité dans tous les domaines de la société et notamment dans la voile. « La course au large est un métier mixte. Il n'y a pas de classements hommes et femmes ; nous sommes sur un pied d'égalité. Nous pouvons donc développer, autant que nos confrères masculins, des projets de compétition », affirme celle qui est aussi fondatrice de l'association « Horizon Mixité ». Et d'ajouter : « Je veux prouver qu'il est possible d'être une femme et d'aller au bout de son rêve. Les jeunes filles pensent souvent que la course au large, ce n'est pas pour elles. Ce n'est pas vrai. Malgré la difficulté physique, les femmes y réussissent aussi bien que les hommes. »

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Une ambition sociétale qui ne lui a pas fait oublier l'enjeu sportif pour autant. « J'aimerais finir dans les 10 voire 15 premiers », confie-t-elle prudemment avant d'assurer ne pas vouloir se mettre trop de pression. « Cette année, j'aborde la course différemment. J'ai conscience que si chaque détail, chaque réglage compte, on ne peut toutefois pas tout maîtriser d'autant que le niveau des concurrents est très élevé. Je suis simplement pleine d'énergie et heureuse de reprendre le large en défendant un projet qui a du sens ».

Mots clés
Portraits femmes sport travail égalité hommes-femmes
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