Des visuels « hautement sexualisés », « provocants », des « images qui rentrent dans l'intimité des couples » et « mériteraient d'être placardées dans les lieux destinés aux adultes, et pas dans l'espace public » : c'est en ces termes que plusieurs dizaines de familles helvètes ont qualifié la nouvelle campagne de prévention contre le Sida et les maladies sexuellement transmissibles (MST) de l'Office fédéral de la santé publique (OFPS). Placardées dans toutes les rues de Suisse le 28 juillet dernier, les affiches ont en effet déclenché une véritable polémique dans le pays. Il faut dire que ces dernières ne passent pas inaperçues. Elles mettent en scène cinq vrais couples âgés de 20 à 52 ans dans des positions très suggestives : hétérosexuels ou homosexuels, ils s'enlacent, s'embrassent, totalement nus ou à moitié seulement.
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En lançant cette campagne baptisée Love life, No regrets ! (« Aime la vie, ne regrette rien », en français), l'autorité sanitaire souhaitait diffuser un message favorable à « un mode de vie alliant plaisir et comportement responsable ». C'était sans compter le conservatisme et le puritanisme d'une frange de la population suisse, soutenue par certaines associations chrétiennes telles que Human Life International Suisse ou Futur CH. Se disant choquées par le caractère explicite des affiches, elles avaient demandé leur retrait immédiat dès le lancement de la campagne.
Et si les affiches de l'opération de prévention a fait un tollé, la diffusion, mardi, de la version longue du clip qui l'accompagne a provoqué un véritable scandale. D'une durée d'une minute et dix secondes environ, le film est dans le même ton que la campagne d'affichage : des scènes de sexe explicites qui ne tombent cependant pas dans la pornographie. « C'est une déception. Nous avons l'impression que l'OFPS ne tient pas compte de la sensibilité d'une bonne partie de la population », a d'ailleurs déploré Michael Mutzner, secrétaire adjoint du Réseau évangélique suisse (RES) au quotidien Le Matin. De son côté, l'Office fédéral de santé publique s'est défendu de toute surenchère volontaire. « Cette nouvelle version était une mesure de la campagne prévue depuis longtemps qui n'a rien à voir avec l'Alliance évangélique », a ainsi assuré la porte-parole de l'OFPS, Catherine Cossy, au journal suisse.
Aussi, devant le refus de l'OFPS de répondre à ses doléances, le RES a contre-attaqué en milieu de semaine en détournant les images de la campagne originale. Sur les photos Love Life version Réseau évangélique, ce sont des couples habillés des pieds à la tête et des familles entières qui posent. Loin de militer pour le port du préservatif, ils prônent l'amour éternel, le mariage et l'assurent : « la meilleure des protections, c'est la fidélité ».