Les rom coms, dans le meilleur des cas, c'est du Nora Ephron (Quand Harry rencontre Sally, Nuits blanches à Seattle) : dialogues ciselés, humour mordant, jeu avec les codes, références multiples à l'âge d'or du genre (Billy Wilder, Howard Hawks, George Cukor), et puis bon, Meg Ryan. Dans le pire des cas, c'est... Plein d'autres.
La preuve, même le roi du genre, Richard Curtis (Quatre mariages et un enterrement, Coup de foudre à Notting Hill, Le journal de Bridget Jones, Love Actually) voit ses films de plus en plus contestés. Il faut dire qu'entre banalisation des mecs toxiques, syndrome du prince charmant, panorama hyper monochrome et hétéronormé, et clichés sexistes ou grossophobes, les comédies romantiques, ce n'est pas toujours ça. On se dit que nombre d'entre elles échappent comme par magie aux prises de conscience de leur temps. Désuètes, les rom coms ?
Pire, peut être : réacs. Oui, comme un plateau de CNews. C'est en tout cas la supposition que déploie le Forum des Images dans le cadre d'une grande Thématique, captivante, en lien avec les enjeux féministes actuels. Cette Thématique de conférences et de rencontres qui débute aujourd'hui et se poursuit jusqu'au 1er décembre s'intitule "Refaire l'amour", clin d'oeil on l'imagine à l'essai de Mona Chollet, "Réinventer l'amour".
Et ce vendredi 20 septembre à 18h30, l'autrice et scénariste Marianne Lévy, véritable experte du genre, pose donc la question : "la comédie romantique est-elle réac ?". Derrière ce titre provoc, une étude en profondeur des bases du genre et de ses "figures imposées", de Diamants sur canapé et Elle et Lui à Quand Harry rencontre Sally...
De quoi confirmer, ou faire démentir, cette interrogation qui fâche ?
Faut-il en finir avec les comédies romantiques ?
On serait tenté de répondre "non" naturellement. Quand on pense aux contrepoints déployés par des perles plus méconnues : Sept ans de séduction de Nigel Cole (2005), 2 days in Paris de Julie Delpy (2007), Elle s'appelle Ruby de Valerie Faris et Jonathan Dayton (2012), ou encore l'irrésistible Et (beaucoup) plus si affinités avec Daniel Radcliffe et Zoé Kazan (2013)... Il existe des rom coms plus inclusives et fantaisistes, qui s'amusent volontiers des stéréotypes et des passages obligés, en privilégiant originalité, ironie et modernité.
Toujours est-il qu'on vous conseille d'écouter Marianne Lévy à ce propos : chez Terrafemina, on vous recommandait l'an dernier son livre "Les comédies romantiques" (aux éditions hoebeke), opus grand format et cartonné, richement illustré, de près de 200 pages, abordant aussi bien toutes les icônes de cet imaginaire hyper pop (Audrey Hepburn, Meg Ryan, Anne Hathaway, Diane Keaton, Melanie Griffith, Andie Macdowell, Renée Zelwegger, Sophie Marceau, Virginie Efira, Julie Delpy) que les limites du genre, à l'heure des nouvelles grandes révolutions sociétales.
"Du premier regard au happy ending, la comédie romantique constitue un défi pour le scénariste. À la fois miroir cathartique d’un quotidien familier et reflet des fantasmes amoureux, elle bouscule aussi l’époque. De la première page du scénario à la dernière, voyage initiatique en écriture de romcom", énonce le descriptif de sa conférence, un véritable cours de cinéma de la part de la scénariste.
Entre deux paroles érudites comme celle de la critique cinéma Iris Brey, ce cycle donnera également le la à l'humour féministe. Ovidie et Sophie-Marie Larrouy, autrice du roman photo caustique "La Fabrique du prince charmant", seront effectivement de la partie pour aborder les mythes romantiques et leur déconstruction salutaire post #MeToo.
"La comédie romantique, ou romcom pour les intimes, est un genre ultra-codé, sur lequel pèsent bien des préjugés. Chambre d’écho de nos vies amoureuses, on peut se demander si l’avenir matrimonial qu’elle propose n’est pas une vision réactionnaire de l’amour. Et si, avec nos yeux de 2024, au temps du mouvement woke, on réinterrogeait ce genre en profondeur pour re-faire l’amour ?", propose le Forum des Images à travers cette Rétro. L'occasion rêvée de revisiter ses classiques, non ?